cadres et de tous les élémens constitutifs permanens des corps de troupes (officiers, sous-officiers, musiciens, chefs-ouvriers, ouvriers). Ces familles disparaissent tous les jours, détruites, en tant qu’esprit et tradition, par l’indifférence de l’état et de la législation pour les intérêts qu’elles représentent, bien plus que par les aspirations vers les carrières civiles, qui ont pénétré l’ensemble de la population. Ce sont les familles militaires. C’est à elles que l’ancien régime demandait les élémens dont se composaient ses cadres supérieurs. C’est en elles, aujourd’hui répandues dans toutes les classes de la nation, que la démocratie française doit trouver la partie la plus solide des cadres supérieurs et inférieurs de l’armée. Est-il possible de faire revivre ces familles et de les multiplier, avec leurs principes, leurs traditions et leurs exemples qui seraient pour l’esprit militaire, dans la population et dans l’armée, des excitans permanens ? Je crois que oui.
Des études spéciales terminées par des examens et par des concours peuvent préparer pour toutes les carrières des sujets suffisans. Les excellens se rencontreront presque toujours parmi ceux qui auront recueilli par surcroît, dans la famille et dès l’enfance, avec les directions nécessaires, le goût de la carrière qu’ils embrassent. C’est la vocation transmise que je viens de définir, la seule ordinairement qui ait le double caractère de la fixité et de la durée, la seule qui résiste aux déceptions, aux dégoûts, aux épreuves dont à certaines heures, du plus au moins, toutes les carrières sont l’occasion. Dans le service militaire, les mérites de cette vocation sont supérieurs à ce point, qu’ils peuvent suppléer aux études préparatoires, et que beaucoup de sujets à qui elles ont manqué deviennent dans l’armée, par la fermeté de leur vocation et par l’expérience acquise, de très utiles auxiliaires du commandement.
Il est d’intérêt national d’étendre dans le pays le cercle des vocations militaires en les encourageant, et le plus sûr moyen d’atteindre le but, c’est de favoriser les familles militaires, de leur assurer la protection effective de la loi et la sollicitude de l’état. Elles sont sous ce rapport réduites à l’assistance, très insuffisante dans ses effets et mal entendue dans son application, que leur offrent :
1° La fondation du prytanée militaire de La Flèche[1], qui reçoit des fils d’officiers ou assimilés, à titre gratuit pour quelques-uns, à titre partiellement gratuit pour la plupart ;
2° La concession d’un certain nombre de bourses et
- ↑ J’étudierai dans la suite de ce travail le mode actuel de constitution et de fonctionnement de nos différentes écoles militaires.