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REVUE LITTERAIRE

LES ROMANS NOUVEAUX

Le Comte Orphée, par M. Louis Ulbach. — La Maison Vidalin, par M. Alphonse de Launay. — Marmorne.

Le roman pathologique est décidément à la mode. Les névroses jouent un rôle important dans les œuvres qui feront l’objet de cette étude, et deux des héroïnes sur trois souffrent de l’un de ces désordres nerveux que nos aïeules appelaient poétiquement des vapeurs, et que la science contemporaine, moins galante, qualifie plus prosaïquement du nom d’hystérie. Le Comte Orphée de M. Louis Ulbach[1] est celui de ces trois récits qui appartient le plus complètement au domaine médical ; non-seulement l’héroïne principale est une malade, mais le héros lui-même et les personnages secondaires subissent cette influence morbide.

Le comte Orphée, ou, pour lui restituer son vrai nom, le comte d’Essoyes, a épousé son amie d’enfance, Hélène. Depuis longtemps ce mariage était arrangé entre les deux familles, et, après avoir vécu comme deux camarades, les jeunes gens se sont, fiancés de bonne heure. Ils s’aiment, sinon avec passion, du moins avec une grande tendresse ; ajoutez qu’ils sont riches, qu’Hélène est une femme supérieure, d’une beauté et d’une intelligence remarquables, et que le comte lui-même est un esprit très distingué. L’aube de la vie commune se lève donc pour eux avec des couleurs charmantes, et aucune garantie de félicité ne manque à cette association de deux époux assortis. Et pourtant, en dépit de tout cela, ils ne sont pas satisfaits. L’édifice de leur bonheur conjugal est privé de ce couronnement dont les vieux conteurs ornaient la conclusion de leurs contes : « Ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfans. » La maison du comte d’Essoyes est et doit rester une maison

  1. Un vol. in-18 ; Calmann Lévy.