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guerre civile. Il était alors dans les rangs de la garde nationale avec deux de ses amis, M. Bailly et M. Cornudet, auxquels il communiqua cette espèce de vision soudaine. Les trois amis partirent, allèrent trouver l’archevêque et lui exposèrent leur idée. L’archevêque répondit simplement : « La même pensée m’est venue, elle me tourmente depuis hier, mais comment dois-je m’y prendre ? Ne faut-il pas que le général Cavaignac approuve cette démarche auprès des insurgés ? où le trouver en ce moment ? .. » C’est dans le livre de Mlle Cathleen Omeara qu’il faut lire ce récit d’un bout à l’autre ; l’auteur a consulté tous les documens et recomposé en toutes ses parties cette scène héroïque et touchante qui fera éternellement honneur à la nature humaine.

Cette inspiration si française a été l’inspiration d’Ozanam dans tous les travaux de sa vie. La pensée maîtresse de tous ces beaux livres analysés avec talent par Mlle Cathleen Omeara, c’est le désir de mettre fin à la guerre civile qui trouble et pervertit les intelligences. Qu’il s’occupe des Germains primitifs ou de l’Italie du moyen âge ; qu’il étudie le gracieux épanouissement de la poésie franciscaine ou les sublimités austères de la Divine Comédie ; que, dans sa chaire de Sorbonne, à propos des littératures étrangères, il expose les origines chrétiennes de l’Europe moderne, ou qu’il rassemble autour de lui une bella scuola de jeunes disciples voués au soulagement des misères du peuple, — avant toute chose, il songe à combattre les préventions, les malentendus, les défiances, les haines, qui, dans les lettres comme dans la vie, arment l’une contre l’autre les deux moitiés de la société française. Rien de plus chrétien et de plus libéral, rien de plus large et de plus précis.

L’ouvrage de Mlle Cathleen Omeara est destiné à ses compatriotes de la Grande-Bretagne. Il est facile de voir que le noble écrivain poursuit deux buts : il veut réfuter ceux qui refusent au génie catholique l’intelligence et la pratique de la liberté, il veut aussi avertir ceux des catholiques de son pays qui ont peur en effet de cette liberté virilement comprise et pratiquée. Louer l’esprit, la parfaite mesure de la personne d’élite qui a écrit ces pages, ce ne serait pas égaler la récompense à la valeur de l’œuvre ; il faut ajouter que ce livre peut faire beaucoup de bien, non-seulement en Angleterre, mais en France. Traduit, il contribuerait à détruire bien des préjugés, aussi bien à droite qu’à gauche.


SAINT-RENÉ TAILLANDIER.


La Guerre de trente ans, par MM. Coppée et d’Artois, 1 vol. in-18 ; Lemerre.


MM. Coppée et d’Artois ont eu l’idée de mettre sur la scène la grande figure de Du Guesclin ; malheureusement leur drame prit des proportions telles qu’il faudrait le remanier en grande partie pour pouvoir le faire représenter. Tel qu’il est sorti des mains de ses auteurs, ce