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qui se dévient moins que le rouge, que notre œil ne voit pas ; il y en a qui s’étalent au-delà du violet, que nous ne percevons pas davantage. Les premières sont des rayons de chaleur, très abondantes dans le spectre des flammes, les dernières existent en très grande proportion dans la lumière de l’arc ; ce sont celles-là qu’il faut d’abord étudier, et faire disparaître ensuite.

On peut en constater l’existence de deux manières, la première en recevant le spectre de l’arc sur une feuille de verre préparée pour la photographie ; l’image se dessine très faiblement dans le rouge, et de mieux en mieux jusqu’au violet ; mais elle ne s’arrête pas là, elle se prolonge et s’accentue bien au delà, ce qui prouve l’existence de ces radiations ultra-violettes à vibrations très rapides que notre œil ne voit point, mais qui sont éminemment propres à donner l’impression photographique. Le second procédé mérite qu’on s’y arrête. Nous prenons une dissolution de sulfate de quinine, et avec un pinceau nous retendons sur le spectre du rouge au violet. Rien ne se produit dans le rouge ; mais à partir du bleu on voit apparaître sur la trace du pinceau une teinte blanchâtre, qui s’exagère dans le violet et qui devient encore plus vive dans les rayons qui dépassent le violet. Le sulfate de quinine a donc la propriété de changer les rayons bleus, violets et ultra-violets en lumière blanche, c’est-à-dire d’enlever à l’éclairage de l’arc les couleurs qui s’y trouvaient en excès, de les transformer en lumière blanche, et par là de rendre visibles et utilisables des radiations que l’œil ne saisissait pas, qui étaient inutiles et qui maintenant s’ajoutent par surcroît à celles qu’il percevait. Une simple infusion d’écorce de marronnier d’Inde peut remplacer le sulfate de quinine ; les verres d’urane et beaucoup d’autres matières agissent de la même façon et nous offrent le moyen facile de supprimer dans la lumière électrique la teinte et les rayons qu’on lui a si souvent reprochés. Cette suppression est nécessaire à d’autres égards. On prétend que ces rayons ultra-violets attaquent les humeurs de l’œil et sont l’origine de graves maladies.


IV

Je dois pourtant avouer que l’arc électrique a ses défauts, un surtout qui lui fermera bien des portes : il chante. Je veux dire qu’il fait entendre une note grave continue, comme le bourdonnement d’un essaim de mouches, comme les poteaux des télégraphes aériens, comme une harpe éolienne. Ce n’est point, si l’on veut, une note désagréable, mais il ne faudrait pas l’avoir toujours dans l’oreille. Ce qui la produit, c’est la succession des courans alternatifs.