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les Italiens. Le premier ministre d’une puissance catholique croyait devoir mettre en avant ce pauvre raisonnement du pape protégé contre lui-même. Cela ne mérite pas qu’on s’y arrête. L’important est que l’Autriche croyait l’occupation de Rome par les Italiens, malgré le pape, nécessaire, et qu’elle la conseillait.

Le prince de Metternich, obligé de se faire l’interprète d’une politique qui n’était pas la sienne, transmettait au ministre des affaires étrangères à Paris les ordres de son gouvernement, mais, en les transmettant de mauvaise grâce, il s’en excusait et avait l’air de les blâmer.

Les événemens marchaient plus vite que les négociations. L’envoyé italien, qui de Florence avait dû passer par Vienne, arriva à Paris le 1er août, quand l’empereur était déjà parti pour Metz, où il alla le rejoindre. Le gouvernement français, ne prévoyant pas un dénoûment militaire rapproché, fit de graves objections sur l’article 4 ajouté à Florence et à Vienne, et portant règlement implicite de la question romaine. Le traité proposé stipulait qu’il faudrait un certain temps à l’Italie pour modifier sa politique jusque-là toute pacifique et se mettre sur le pied de guerre. — L’Autriche aussi demandait quelques semaines. La première quinzaine de septembre fut indiquée comme la date la plus, rapprochée pour donner à ces deux puissances le temps de faire leurs préparatifs.

Ces derniers pourparlers à Metz m’ont laissé des souvenirs trop poignans pour que leurs moindres détails ne soient pas restés gravés dans mon esprit. L’empereur, dans ses indécisions, faisait entre autres objections celle que le projet était mal rédigé et que l’incorrection de la forme ne permettait pas de le signer. Je me permis ce conseil : « Signez, sire, signez le projet qui vous est soumis, même avec ses fautes d’orthographe, elles importent peu ; prévenez par le télégraphe Vienne et Florence que vous acceptez et avez signé, pour engager vos alliés. Si nous sommes victorieux, vous obtiendrez facilement des modifications, et si nous sommes battus, vous aurez au moins ce traité, qui sera une sorte de retranchement où vous pourrez puiser un espoir d’appui, mais signez avant que les armes aient prononcé, c’est utile à tous les points de vue. » Les traces de ces efforts se trouvent dans une lettre écrite par l’empereur au ministre des affaires étrangères à Paris, datée de Metz le 3 août et que j’ai lue depuis. Voici les propres termes de la lettre de l’empereur : Malgré ce que propose X, malgré les efforts de Napoléon, je ne cède pas pour Rome.

L’envoyé italien emportait de Metz des modifications à la rédaction convenue entre Florence et Vienne. C’étaient de nouvelles longueurs, malheureusement elles semblaient ne pas effrayer le gouvernement français, qui, croyant à des succès militaires, était certain