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REVUE DES DEUX MONDES.



C’est par nous qu’on s’élève ; abaissant les hauts lieux,
Ne formant qu’un seul tout, nous guidons vers les cieux
Des frères qui rangés en un même assemblage
Se suivent pas à pas et d’étage en étage.

(Montans d’escaliers.)


C’est par nous que l’on peut, pour atteindre le faîte,
Dans les airs, sans péril, abandonner sa tête.

(Degrés d’une échelle.)

Si dans tous les événemens de la vie d’Apollonius se montre la providence de Dieu, sa justice éclate dans la mort violente d’Antiochus et de sa fille, dont la foudre désunit et brise les incestueux embrassemens ; elle apparaît encore dans le supplice de Lénonius brûlé vif et de Dionysias lapidée par le peuple avec son mari. En revanche, on aime à voir le pauvre pêcheur Hellanicus, qui avait couvert d’une part de son manteau la nudité d’Apollonius naufragé, recevoir une magnifique récompense des mains du reconnaissant monarque d’Antioche, de Tyr et de Cyrène.

Au point de vue de l’histoire des mœurs, on recueillera du roman d’Apollonius de précieuses notions : il suffit de citer ce qui concerne l’usage du passeport, l’usage de revêtir, à l’exemple d’Arion, un costume particulier pour représenter, en s’accompagnant d’un instrument, un personnage tour à tour tragique ou comique, la coutume d’attacher en croix les esclaves et de leur rompre les jambes, enfin l’obligation où étaient les époux d’apporter une dot à leurs fiancées.

Pour le redire, en finissant, j’estime que la perte irréparable de l’œuvre originale d’Apollonius, et même celle de la version en vers politiques, à part les quelques mots conservés par Ducange, ayant fait de notre manuscrit de Paris, tracé en latin au XIVe siècle et composé au Ve, le monument désormais le plus ancien et le plus digne de foi, il y aura sans doute quelque utilité à éditer, après l’avoir traduit dans le dialecte de Jacques Amyot et de Paul-Louis Courier, un roman dont il n’avait encore été donné à l’Europe lettrée qu’une rédaction fort inexacte en prose latine, avec une triple paraphrase en vers anglais, latins et grecs.

J. LAPAUME.

LA CHARITÉ À NAPLES.
Storia della carità napoletana, per Teresa Filangieri Ravaschieri Fieschi. Napoli, 1877.

Le second volume de l’Histoire de la charité napolitaine que fait paraître la duchesse Ravaschieri Fieschi n’est pas moins intéressant que le premier, dont j’ai déjà entretenu les lecteurs de la Revue[1]. L’au-

  1. Voyez la Revue du 15 septembre 1875.