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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 27.djvu/556

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REVUE DES DEUX MONDES.

à s’ébranler, il interrompit M. de Plœuc en lui disant : — Tout cela serait fort bien si je n’avais en poche la preuve que les diamans de la couronne sont ici ; j’admets que vous l’ignoriez, mais je suis certain que le dépôt a été fait, et je vais vous en convaincre. — Alors, à la stupéfaction de M. de Plœuc, il lui montra deux procèsverbaux en original, l’un daté du mercredi 10 août 1870, constatant que les diamans de la couronne ont été déposés « dans la resserre principale à deux clés de lacaisse centrale du trésor public ; » le second, dans lequel Charles Ceslay, articulant lentement et appuyant sur chaque mot, lut : « D’une décision prise cejourd’hui, 30 août 1870, par le conseil des ministres réunis au palais des Tuileries sous la présidence de S. M. l’impératrice, il résulte que, pour parer aux éventualités de la guerre, il convient de transférer le colis ci-dessus indiqué à la Banque de France, qui prendra pour la sûreté et la conservation de ce dépôt les soins et les précautions qu’elle prend pour la sûreté et la conservation de son encaisse. En exécution de cette décision, nous, maréchal Vaillant, ministre de la maison de l’empereur, assisté du trésorier de la cassette de sa majesté et d’un des joailliers de la couronne, avons retiré de la resserre du trésor public, pour en faire la remise au gouverneur de la Banque, la caisse dont la description précède, et nous avons reconnu que les cachets apposés sont intacts. — Nous, ministre des finances, assisté du caissier payeur central du trésor public et du contrôleur central, avons reconnu également l’intégrité des cachets* — Et nous, Rouland, sénateur, gouverneur de la Banque de France, avons reçu ladite caisse garnie des cachets ci-dessus indiqués et, recevant ce dépôt, nous avons déclaré et déclarons que nous prendrons pour sa conservation et sa sûreté les soins et précautions que nous prenons pour les valeurs de la Banque, entendant d’ailleurs ne répondre en aucune façon des événemens de force majeure, tels que cas de guerre. » — Charles Beslay s’arrêta : — Est-ce clair ? dit-il. — Puis, mettant le doigt sur chaque signature et les montrant au marquis de Plœuc : — Voyez, le ministre de la maison de l’empereur. Vaillant ; — le trésorier de sa cassette, Ch. Thélin ; — le joaillier de la couronne, Alfred Bapst ; — le ministre des finances, Magne ; — le caissier central du trésor public, Thomas ; — le contrôleur central, A. Tourneur ; — le gouverneur de la Banque de France, Rouland, — Rouland, c’est sa signature, vous la reconnaissez. S’il a reçu les diamans de la couronne au nom de la Banque, c’est à la Banque que sont les diamans de la couronne, ce procésverbal en est la preuve absolue ; qu’avez-vous à répondre à cela ? — Rien, dit M. de Plœuc, sinon que les diamans ne sont pas ici ; je vous l’affîrme sur l’honneur. » On fit appeler M. Marsaud, M. Mignot, M. Chazal ; on leur donna lecture de ce document, qui sem-