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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 27.djvu/625

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amenée dans ce milieu, dont une main tendue à propos l’aurait peut-être aidée à sortir. Cette absence totale de surveillance fait de ces lodgings le refuge de la population la plus dangereuse et la plus dégradée de Londres, plus dégradée peut-être encore que celle à laquelle les casual wards des workhouses, ouverts la nuit à tout venant, offrent un asile momentané. Beaucoup en effet parmi les habitués de ces lodgings ont eu ou craignent d’avoir maille à partir avec la justice, et ils ne se soucient pas d’entrer, ne fût-ce que pour une nuit, en contact avec une autorité régulière. Quelques-uns portent sur la figure la trace de blessures récentes. D’autres sout individuellement connus des agens comme étant des malfaiteurs de profession et leur adressent la parole en plaisantant. Aussi n’ai-je jamais vu collection de types plus sinistres parmi les hommes et plus avilis parmi les femmes. Beaucoup vous suivent en mendiant jusque dans la rue, et leurs importunités ne tarderaient pas à se transformer en menaces, si l’on se hasardait seul en pareille compagnie.

Tout autre est l’organisation de la surveillance des garnis à Paris. Chaque logeur est astreint à tenir un livre où il inscrit les noms de ses pensionnaires, l’indication de leur profession et de leur domicile d’origine, avec la mention du jour de leur entrée et de leur sortie. Ces indications sont relevées tous les deux jours ou même tous les jours par les inspecteurs des garnis et centralisées par ordre alphabétique à la préfecture de police, où l’on possède ainsi un contingent d’informations très utiles sur la population flottante de Paris. Cette population présente un aspect sensiblement différent à Paris et à Londres. Je ne sais s’il faut en faire honneur à la différence des deux races ou bien à l’ensemble des mesures qui permettent à l’autorité administrative d’interdire le séjour de Paris aux surveillés, aux étrangers réputés dangereux, aux individus sans ressource qui ne sont pas du département de la Seine ; mais la population des garnis de Paris m’a paru beaucoup plus décente et en tout cas plus digne. Sans doute parmi ces gens qu’une visite nocturne troublait dans leur sommeil, il y en avait qui n’avaient ni la conscience très nette, ni le casier judiciaire très pur, et qui, ayant été plus d’une fois témoins de quelque descente de police, se troublaient à la question la plus banale. Une nuit, dans une maison isolée du quartier de Charonne, j’ai pu me croire en présence du fameux maître d’école des Mystères de Paris, en y trouvant attablé, à une heure du matin, avec trois individus de mauvaise mine, un homme dont les yeux étaient cachés sous d’énormes lunettes bleues, le nez et les lèvres mangés par la cicatrice d’une horrible brûlure, et je ne crois pas qu’il eût été très prudent d’engager une conversation en tête-à-tête avec lui. Mais quelques-uns