En contournant les ruines de la tour, on entre dans une large avenue formée à droite par la tour, à gauche par les murailles de l’enceinte, et au fond de laquelle, au milieu des blocs renversés et des broussailles, s’ouvre la célèbre porte des lions, si miraculeusement échappée aux injures du temps et à celles des Argiens. Ici comme à Tirynthe, les assiégeans devaient présenter le flanc aux traits des assiégés et se trouvaient par suite dans l’impossibilité de chercher derrière leurs boucliers une protection efficace. La porte des lions, comme celle de la trésorerie des Atrides, se compose de deux montans sur lesquels repose un linteau énorme ; au-dessous du linteau est ménagée une niche triangulaire, dont l’effet est d’éviter l’écrasement que le poids de la muraille pourrait faire redouter. Cette niche, vide à la trésorerie, est garnie ici par un large monolithe orné de deux lions en relief, qui, dressés sur leurs pattes de derrière, appuient celles de devant sur la base d’une petite colonne que l’on peut prendre si l’on veut pour un autel. Les lions, qui pourraient aussi bien être des tigres, et qui tout au moins sont des lionnes, ont été décapités, mais il est probable qu’ils avaient des têtes de bronze, fixées au moyen de chevilles pénétrant dans des trous encore visibles, et tournées vers les arrivans comme pour les effrayer. Malgré la rudesse du travail, il y a une certaine vigueur qui révèle déjà un sens esthétique, et la pose des grands félins de l’Orient a été sûrement observée d’après nature par le sculpteur. Est-ce à dire que l’œuvre soit d’origine asiatique ? Certains indices, sans parler de la légende du lion de Némée tué par Hercule et dont on m’a montré le repaire sur la route de Cléones, portent à penser que le roi des animaux n’était pas inconnu en Grèce dans la haute antiquité. Ce qui milite en faveur de l’extranéité du monument, c’est plutôt le sujet même. Le lion était l’objet d’une vénération particulière dans les régions d’où sortaient les Pélopides, et la colonne qui forme le centre du relief rappelle, croit-on, les autels des adorateurs du feu.
Parvenu dans l’enceinte de l’acropole, M. Schliemann dut avoir un moment d’effroi en contemplant ce vaste espace couvert de décombres et d’éboulis, partagé çà et là par des pans de mur. Une lecture attentive de Pausanias lui donnait la conviction que les tombeaux d’Agamemnon et de ses compagnons étaient dans cette enceinte et non dans la ville basse. Mais par où commencer les recherches ? où donner le premier coup de pioche ? C’était en 1874. Des ouvriers furent engagés, et plus de trente puits furent creusés. La plupart ne donnèrent aucun résultat, mais quelques-uns permirent de préciser les points où les recherches auraient le plus de chance de réussir. Quand, deux ans plus tard, M. Schliemann revint à