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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 27.djvu/892

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REVUE DES DEUX MONDES.


On remarquera combien est singulière l’infinie variété des sujets quand il était si facile de multiplier indéfiniment le même, puisqu’on travaillait en quelque sorte au moule. En cela, l’on sent déjà le goût des Hellènes, qui mettaient de l’art jusque dans les objets les plus vulgaires et ne connaissaient pas cette production industrielle de nos jours où l’ouvrier n’est qu’une machine à faire éternellement le même objet, en attendant qu’un ingénieur invente une véritable machine pour le remplacer. L’art et l’industrie avaient des affinités plus intimes en Grèce que dans nos sociétés modernes.

Parmi les objets placés dans les tombeaux, non plus pour parer les morts, mais comme leur ayant appartenu, figurent les armes. La lance et l’épée, compagnons du guerrier pendant sa vie, le suivaient dans la tombe. Les armes trouvées à Mycènes sont les unes de bronze, les autres de pierre ; il y a comme un mélange de deux âges de la pierre et du bronze, auxquels d’ailleurs on aurait tort d’attribuer un sens chronologique trop absolu. En général, les armes de jet étaient terminées par des pointes d’obsidienne, comme les flèches et les javelots des guerriers de l’ancien Mexique : les armes d’hast étaient de bronze. M. Schliemann a ramassé auprès des squelettes un assez grand nombre d’épées, dont quelques-unes à deux tranchans, de pointes de lance, de haches, vraisemblablement employées pour le combat. Plusieurs épées avaient des poignées d’or ciselé qui ont été retrouvées : quant au bois des lances et au manche des haches, il a été détruit sans laisser de traces : tel a été aussi le sort des arcs et des flèches. — Auprès de plusieurs cadavres avaient été déposés de longs cylindres d’or en feuille contenant çà et là de la cendre de bois : ils recouvraient sans doute des sceptres ; c’est du moins ce que l’on peut conclure de la proximité d’ornemens d’or, de cristal de roche ou d’argent, qui semblent avoir servi à en décorer le sommet. On sait que ces emblèmes de la royauté, sorte de houlettes des pasteurs des peuples, se terminaient par une espèce de pommeau.

On avait coutume dans l’antiquité non-seulement de placer auprès des morts les objets qui leur avaient été d’un usage quotidien, mais encore de leur offrir des repas. À Mycènes, on avait déposé des provisions de bouche dans les tombeaux. C’est à les contenir que servaient les nombreux vases qui ont été découverts : on ne saurait en expliquer autrement la présence, d’autant moins qu’il y a dans le nombre de simples chaudrons de cuivre, de l’apparence de ceux qu’on emploie encore à présent dans les cuisines, et de grands pots vulgaires en terre cuite. Ces derniers sont faits au tour pour la plupart, mais avec des formes généralement peu élégantes ; quelques-uns sont encore fabriqués à la main ; de ce nombre est