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LES
CONFLITS DES POUVOIRS PUBLICS
SOUS L’ANCIEN RÉGIME

I.
LES ORIGINES ET LA POLITIQUE DES PARLEMENS.

Lorsque nous suivons, dans les livres contemporains, le drame à la fois splendide et sombre de notre histoire, nous nous trouvons en présence de deux écoles qui se placent chacune, dans les jugemens qu’elles portent sur l’ancienne monarchie, à un point de vue tout différent. L’une, l’école catholique et royaliste, la glorifie sans réserve comme l’idéal des gouvernemens, et accuse la révolution « d’avoir interrompu le cours glorieux de nos destinées. » L’autre, l’école démocratique, la condamne sans admettre de circonstances atténuantes; elle ne veut y voir qu’un ramas d’iniquités, et pour elle le sentiment de la liberté, de la justice et du droit ne commence qu’au XVIIIe siècle. D’un côté comme de l’autre, l’exagération est poussée aux dernières limites : la vérité disparaît devant les conceptions exclusives des partis, et l’on oublie que l’histoire doit être calme comme la mort, parce qu’elle marche sur des tombeaux. Que la monarchie ait fait de très grandes choses, on ne saurait le contester sans mauvaise foi, car elle s’est identifiée avec l’idée de la patrie, elle a tendu la main dans les communes aux déshérités de la naissance, abaissé les barrières qui séparaient les castes, posé