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considérable, depuis le fabricant de vélocipèdes jusqu’au marchand de parapluies à bas prix.

Les principaux objets d’exportation sont la soie grège et le thé, le premier atteignant en 1875 5,739,691 piastres et le second 6,915,692. Viennent ensuite les graines de ver à soie pour 474,921 piastres, le cuivre pour 425,160, le tabac pour 201,148, la cire végétale, le camphre, le charbon, le poisson sec, le riz pour 1,874,942, et des articles divers s’élevant à 2,384,890 piastres, parmi lesquels il faut ranger les laques et les porcelaines. Quand on examine en détail les tableaux d’où sont extraits ces chiffres, on y remarque beaucoup moins de fixité que dans les documens correspondans relatifs à la Chine. Le commerce a ici des allures moins régulières et quelquefois capricieuses ; il subit les fluctuations du sentiment public et reflète l’engoûment qui se produit tantôt pour un article, tantôt pour un autre, un jour pour les lapins aux longues oreilles, le lendemain pour les chapeaux de haute forme. Une seule colonne de ce tableau reste invariablement composée de même, c’est celle des exportations, qui ne changent pas plus de nature qu’elles ne s’accroissent. En d’autres termes, les ressources demeurent les mêmes, limitées et médiocres, mais les achats augmentent et les fantaisies se multiplient.

Nous ne dirons qu’un mot de chacun des produits indigènes et des conditions de leur vente. La soie, par sa nature d’article de luxe, est sujette à de grandes variations, et souffre de toutes les catastrophes qui forcent le monde à serrer les cordons de sa bourse. En 1868, au moment où l’insurrection des Taï-pings entravait la production chinoise, elle se vendait 880 dollars le picul (60 kilogrammes) ; Mais depuis les événement de 1870 elle a subi une dépression considérable ; elle est tombée en 1874 à 500 dollars ; puis elle a repris en 1876 des cours plus élevés. Pourtant les quantités exportées n’ont pas cessé de diminuer. Outre la concurrence chinoise, qui, jetant sur le marché 80,000 balles par an, écrase sans peine les 13,000 balles du Japon, la soie subit d’autres causes de dépréciation. La première est le fléau du grainage qui s’est exercé jusque dans ces dernières années ; les producteurs japonais, alléchés par de gros gains, vendaient aux sériculteurs européens, pour en faire des élèves, leurs meilleurs œufs de ver à soie, ne gardant pour leurs propres magnaneries que ceux de qualités inférieures ; le mérite de leurs cocons et de leur soie s’en ressentait nécessairement l’année suivante ; ils avaient, comme Panurge, « mangé leur bled en herbe. » À cette cause de dépréciation s’en ajoutait une autre ; les fileuses japonaises, en se hâtant de beaucoup produire pour suffire au marché, se gâtaient la main. Heureusement le commerce des graines a complètement cessé ; les cartons,