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Cimento fraya la voie à notre Académie des sciences et à la Société royale de Londres. Un cabinet de physique fut formé et doté des meilleurs appareils, des instrumens les plus exacts que l’on connût alors ; de belles expériences furent exécutées et firent sensation dans toute l’Europe savante.

Après la dissolution de cette académie, amenée par l’éloignement de son protecteur et par des jalousies intérieures, l’esprit qui l’avait suscitée ne périt pas à Florence ; il y fut représenté, dans le cours du siècle suivant, par une société de botanique, à laquelle Voltaire tint à honneur d’être associé ; il le fut par l’Académie des Géorg-philes, dont les recherches et les travaux contribuèrent beaucoup à cette prospérité agricole et économique dont la Toscane fut si fière sous le règne de Léopold ; il le fut surtout par le Musée de physique et d’histoire naturelle, dont les premiers élémens avaient été réunis par les Médicis, mais qui ne prit tout son développement que sous les princes de la maison de Lorraine. Ce fut alors que, par de nouvelles acquisitions et par un classement scientifique tel que le comportait le temps, cette collection fut mise en état de rendre service à tous ceux qu’intéressaient les choses de la nature. Une des séries que l’on y remarquait le plus, c’était celle des pièces anatomiques en cire colorée, dont le secret avait été apporté en Toscane par un habile modeleur sicilien, Giulio Zummo ; continués et dirigés à Florence par de savans chirurgiens, ces travaux avaient fini par doter le musée d’une suite riche et curieuse. Rien d’analogue, paraît-il, n’existait alors dans les galeries de l’étranger.

Léopold avait fondé un observatoire ; les jésuites en avaient un autre qui, après la suppression de leur ordre, devint propriété de l’état. Le testament d’un savant jésuite, le père Ximénès, Sicilien qui s’était établi à Florence, avait assuré les fonds nécessaires pour la création et l’entretien de deux chaires, l’une d’astronomie, l’autre d’hydraulique. Les titulaires en furent désignés en 1786 ; le mène fonds permettait d’acheter tous les livres et tous les instrumens nécessaires. Les ressources que fournissait cette riche dotation avaient donné à Léopold l’idée de s’en servir pour reconstituer l’Académie del Cimento et pour faire du musée un centre de haut enseignement scientifique. Le départ de Léopold, appelé à régner sur l’Autriche, puis les guerres de la révolution ajournèrent tous ces projets ; ils ne commencèrent à se réaliser qu’en 1807, pendant la coure durée du royaume d’Étrurie. Alors six chaires furent établies au musée, pour l’astronomie, la physique, la chimie, l’anatomie comparée, la botanique, la géologie et minéralogie. Encore contrarié par le malheur des temps, cet établissement reprit une nouvelle vie sous la dynastie lorraine, après la restauration de 1814 ; il eut des