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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 28.djvu/313

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aujourd’hui sa place dans le système d’instruction publique de tout peuple civilisé.

L’institut commençait seulement à s’organiser quand, en 1865, à la suite de la fameuse convention de septembre, Florence remplaça Turin comme capitale de l’Italie. On pouvait croire que la nouvelle école bénéficierait de ce changement ; il n’en fut rien. L’état ne fit que peu de chose pour l’institut, et, d’autre part, ce fut pour les professeurs une tentation dangereuse que le désir d’attirer au pied de leurs chaires l’élite de cette population flottante qu’amenait avec lui le gouvernement. C’étaient des étrangers qui allaient au cours comme au théâtre, pour y chercher une leçon d’italien ; c’étaient des dames de la haute société, jalouses de protester par leur présence contre le préjugé qui accuse les femmes italiennes d’avoir l’esprit peu cultivé ; c’étaient des officiers auxquels pesait le désœuvrement de la vie de garnison ; c’étaient les membres du parlement, les Jours où les chambres ne siégeaient pas, voire même les jours où elles siégeaient. Ceux des professeurs qui avaient la parole facile et brillante attirèrent donc la foule ; les autres cherchèrent à les imiter. On se comparait volontiers alors à notre Collège de France. C’étaient les mêmes cours à portes ouvertes, qui, de 1864 à 1871, eurent leurs grands succès et, leurs jours d’éclat.

Nous ne prétendons pas que de tels cours fussent inutiles ou déplacés ; ils étaient, pour une ville telle que Florence, un noble luxe, une décoration digne tout à la fois de son passé et de sa situation nouvelle. Cependant, on ne saurait le nier, l’institut, en s’engageant dans cette voie, s’écartait du but que lui avaient marqué, du rôle que lui avaient assigné ses fondateurs ; il cessait de mériter le titre qu’ils lui avaient donné ; il ne perfectionnait pas l’éducation scientifique commencée dans les universités, il n’enseignait point, par des exercices pratiques, l’application des méthodes ; il devenait un athénée, semblable à tant d’autres, et l’on sait comment les athénées finissent ! Leur enseignement n’a pas, comme celui des universités, la sanction de l’examen ; il n’a pas non plus cet attrait persistant de la recherche personnelle et passionnée qui se rencontre partout où l’élève, dans un laboratoire ou dans une conférence, est associé aux travaux et aux découvertes du maître. L’athénée, de quelque nom qu’il s’appelle, est mis à la mode par deux ou trois professeurs éloquens ; mais, comme ni le public qui le fréquente, ni les professeurs ne se renouvellent, dès que l’éloquence s’épuise ou qu’elle se répète, le public s’éloigne. La mode avait été pour beaucoup dans le succès ; elle fait de même, à un certain moment, la décadence et le vide.

Au bout d’une dizaine d’années, la plupart des professeurs de l’institut, parmi ceux mêmes qui avaient le mieux réussi, se