sentaient las d’avoir à trouver toujours de nouveaux sujets, toujours de nouveaux effets pour des auditeurs qu’ils avaient rendus exigeans. De plus, en 1871 Florence perdait son titre de capitale ; le départ successif des chambres, du gouvernement, des ministères, en refaisait une ville de province ; il éclaircissait les rangs de ces curieux sur lesquels on s’était accoutumé à compter et auxquels on avait sacrifié les vrais élèves. Enfin une grande université nationale remplaçait à Rome, dans les illustres bâtimens de la Sapienza, la vieille université pontificale ; on y appelait aussitôt plusieurs des professeurs les plus distingués de l’institut, et c’étaient encore des chaires vacantes, après bien d’autres qui déjà manquaient de titulaires. Quelques-unes n’avaient jamais été remplies : d’autres ne l’avaient été que pendant un an ou deux. C’est ainsi qu’avait disparu, après avoir eu à peine un commencement d’existence, la section qui devait se vouer à l’étude du droit, de l’administration et de la politique[1]. La plupart des ministres avaient montré peu de bonne volonté ; ils s’étaient laissé prévenir soit par des jalousies provinciales, soit par les clameurs persistantes de l’université de Pise. Dictées par les mêmes sentimens, des attaques répétées s’étaient produites dans la presse et dans le parlement ; on avait proposé plusieurs fois la suppression de l’institut. Cette suppression n’avait pas été prononcée ; mais était-ce vivre que de continuer à durer dans des conditions si précaires ? Il fallait aviser, sous peine de donner raison aux ennemis qui se hâtaient de proclamer que l’épreuve était suffisante et que l’entreprise avait avorté.
Florence avait alors pour syndic ou maire un homme qui porte dignement un nom célèbre dans l’histoire de la république, et qui aime sa ville natale comme l’aimaient les vieux Florentins, les contemporains de Dante et de Machiavel. M. Peruzzi avait été ministre ; ses amis, ses anciens collègues étaient au pouvoir. Il en profita pour négocier une convention qui, ratifiée par la loi du 30 juin 1872, est aujourd’hui la charte de l’institut. Les frais d’entretien durent se partager entre l’état, la province et la ville. L’état se chargeait des traitemens ; mais la province et le municipe promettaient de verser par annuités, en six ans, 360,000 livres. Cette ample allocation devait servir à l’agrandissement des laboratoires et au développement des collections. De plus, l’état et le municipe s’engageaient, chacun en ce qui le concernait, à faire bientôt jouir l’institut de vastes et beaux bâtimens, voisins de la place Saint-Marc, qui étaient alors occupés par des troupes et par des bureaux du ministère de la
- ↑ En 1861, deux chaires étaient déjà vacantes dans cette section ; en 1865, il y en avait cinq ou six d’inoccupées, mais on s’inscrivait encore pour des cours qui ne se faisaient pas. On se décida enfin l’année suivante à refuser les inscriptions, et on fit savoir qu’il ne serait pas pourvu aux chaires.