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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 28.djvu/444

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Quel est ici votre séjour ?


à quoi l’attentif Cléomène répond vaguement et sans préciser davantage le renseignement topographique :

Dans des bois toujours verts où d’amour on respire,
Aussitôt qu’on est mort d’amour !


Sainte-Beuve écrivait jadis au bas d’un de ses sonnets : « Il y faudrait de la musique de Gluck. » Pourquoi de Gluck ? On ne l’a jamais su ; et lui-même, Sainte-Beuve, eût été fort embarrassé de vous le dire. Ne cherchons pas non plus à sonder le secret de M. Renan, formulant le vœu de voir M. Gounod mettre en symphonie je ne sais quelle fantasmagorique pantomime de son Caliban. Mais pour Psyché, c’est autre chose ; tout de suite, vous pensez à Mozart, à cet idéal musical qu’en l’absence de toute certitude théorique son instinct se fait de l’antique. Il se dit que cet art devait être en musique ce que nous savons par d’irrécusables témoignages qu’il était en architecture, en peinture, en statuaire, et c’est à la symétrie, à l’harmonie du style, aux grâces naturelles de la mélodie la plus noble à la fois, la plus savante et la plus simple, qu’il demande leur secret pour atteindre à cette perfection du beau. La symphonie de Jupiter nous raconte ce que Mozart aurait fait du sujet qui nous occupe. Opéra, ballet ou symphonie, nous aurions en musique l’olympe joyeux d’Apulée et de Raphaël à la Farnésine, un Jupiter qui se déride et qu’une pointe de nectar met en liesse, bon vivant et gaillard compère avec Sémélé, Danaé et tutte quante, capable aux noces de Thétis de pincer un menuet, ni plus ni moins que son descendant le grand roi Louis XIV, et capable en même temps, comme nous l’indiquent Y adagio et le finale fugué, de remplir glorieusement son métier de père desi ieux et de présider du haut de l’empyrée aux destins des mortels.

« Cette fable, disait La Motte en parlant de Psyché, aurait pu faire inventer l’opéra, tant elle y est propre. » Et pourtant nous ne voyons pas qu’elle ait jamais inspiré de chef-d’œuvre en ce genre. On ne saurait en effet citer autrement que pour mémoire l’Empire de l’amour de Moncrif et du chevalier de Brassac (1733) et l’Histoire des amours de Cupidon et de Psyché, spectacle à machines en cinq actes par Bazin, ingénieur, musique de Blaise (1751). Quant au ballet de Gardel, tout ce qu’on peut en dire, c’est qu’il est resté célèbre par son succès dans les fastes de notre ancienne Académie royale. à tout prendre, la Psyché de M. Thomas, qu’on représente en ce moment à l’Opéra-Comique, serait encore la meilleure illustration musicale du charmant épisode antique. Sans