été de placer dans le bec de l’oiseau une girandole de fleurs ; enfin, comme ce poids de bronze eût entraîné l’échassier hors de son centre de gravité, il a fallu ramener le col en arrière par une contorsion pénible, ou remplacer la grue trop svelte par un oiseau massif, que, faute de traditions transmises, l’artiste moderne ne sait pas camper sur ses pieds, et qui n’a jamais eu droit à se poser sur une tortue. On a ainsi obtenu un meuble qui peut, il est vrai, prendre plus commodément place dans nos salons, mais auquel manquent la vérité, la vie, qui font tout le charme de cet art exquis dans les petites choses et insuffisant dans les grandes.
En revanche, vous verrez vos guides s’arrêter avec complaisance devant de modestes vases lagènes assez semblables à des alcarazas ou effilés comme les fiaschetti italiens, dépourvus d’ornemens, mais d’une élégance inimitable, ou encore devant de simples bouilloires au ventre arrondi enguirlandées d’un léger feuillage niellé sur cuivre. C’est le privilège des arts primitifs de rencontrer en fait de vases les formes normales et les justes proportions ; la faute des arts en décadence est de ne pas s’y tenir. Vous regarderez encore avec attention de petites plaques de bronze, sur lesquelles des ciselures microscopiques représentent des guerriers armés de toutes pièces. Malgré leur destination moderne de boutons de manchettes, ce n’en est pas moins une reproduction de l’art ancien. C’est en effet sur des gardes de sabre et des fermoirs de blague à tabac que les Japonais ont appris à buriner ces merveilles dignes de la loupe.
On ne fabrique plus de bronze au Japon qu’à destination des étrangers ; mais on se sert constamment de porcelaine. Il est donc probable que nous allons rencontrer quelques ustensiles de vaisselle indigène. Point. Au milieu d’une grande quantité de provenances, de dimensions et d’usages variés, c’est à peine si nous distinguons un bol ou un plat domestiques. Voici d’abord les grands potiches d’Owari, d’une belle pâte homogène, aux dessins d’un bleu nuancé sur un fond blanc ; c’est une des porcelaines les plus goûtées des Japonais. Ils estiment surtout les fonds gros bleu des jardinières quadrangulaires qu’ils placent dans leurs cours intérieures. Les difficultés de métier qui s’attachent à la cuisson leur donnent, même dans le pays, un grand prix, sans comparaison toutefois avec celui qu’on en demande ici. — Les faïences de Kioto se distinguent par leur fond craquelé de nuance terre de Sienne, sur lequel se détachent des personnages soigneusement peints ; elles sont de dimensions peu considérables, ornées avec sobriété. C’est de tous les genres le seul qu’on puisse de loin mettre en parallèle avec le sèvres. — Quant aux plats, aux gigantesques cornets de Nagasaki, nous ne pouvons nous résigner à en admirer les grossières enluminures, l’opposition criarde du rouge brique, du bleu de ciel,