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LES
CONCERTS DU TROCADERO

Bien des gens s’imaginent peut-être que les concerts officiels de l’exposition sont des concerts comme les autres et même plus beaux que les autres ; ils se trompent : les concerts de l’exposition sont eux-mêmes une exposition, et les musiciens dont les œuvres composent les programmes sont à leur tour des exposans. Il y a le salon des peintres, pourquoi n’aurions-nous pas un salon des musiciens ? Une fois en possession de cette idée, les ingénieux ordonnateurs en ont voulu tirer les conséquences ; ils se sont dit : Dans une exposition ainsi conçue à l’instar du salon de peinture ne devront figurer que des exposans français, — ce qui déjà était une erreur, puisque nous voyons des peintres étrangers s’inscrire avec honneur sur notre catalogue, libres ensuite de se reporter du côté de leur nationalité et de redevenir, comme Fortuni ou Zamacoïs, comme M. de Nittis, M. Alma-Tadéma ou M, Knaus, Espagnols, Italiens, Hollandais, Allemands, quand bon leur semble. Mais une idée est un dada qu’on n’enfourche pas impunément ; après avoir exclu les étrangers, nos habiles, toujours éliminant et particularisant, avisèrent que, étant admis en principe qu’il fallait être Français pour.se faire entendre aux concerts officiels, les choses n’en iraient que mieux si le compositeur pouvait être en même temps et Français et vivant.

Inutile d’insister sur les brillans résultats qu’une semblable théorie devait amener. Par la première de ces deux clauses, on écartait les maîtres étrangers, c’est-à-dire plus de Mozart, de Beethoven, de Weber, de Meyerbeer, ni de Mendelssohn ; par l’autre, on se condamnait à n’user que dans la plus stricte mesure de nos génies