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Téniers et de Brouwer, sujets et bordures Louis XV et Louis XVI. Comment les peintres verriers empruntent-ils des décors à ce XVIIIe siècle qui brisait les plus beaux vitraux des absides et des transepts, sous prétexte qu’ils obscurcissaient l’intérieur des églises !

À défaut de la transition par analogie, la transition par antithèse s’impose entre le verre, qui est symbole de fragilité, et le bronze, qui est symbole de solidité. L’industrie parisienne transforme le bronze en mille objets ; elle le fond en statues, en groupes et en bustes, reproductions des chefs-d’œuvre de l’antique et de la renaissance et des œuvres des maîtres contemporains ; elle en fait des pendules, des chenets, des lustres, des lampes, des candélabres, des torchères ; elle le cisèle, elle le modèle, elle l’ajoure, elle le dore, elle l’argente, elle l’oxyde, elle le relève d’émaux, de plaques de porcelaine et de marbre, de losanges d’agate et de lapis. Dans l’exposition des bronzes d’art, on remarquera surtout une monumentale horloge de style renaissance, de bronze doré ciselé, décorée d’émaux et de colonnettes de porphyre rouge.

Des bronzes d’art ainsi conçus et ainsi travaillés aux merveilles de l’orfèvrerie, il n’y a de différence que dans la valeur du métal. Donc voyons maintenant ces surtouts de tables et ces services de toilette d’argent ciselé et repoussé, ces exquises pendules renaissance, ces flacons de cristal de roche montés en or, ces bonbonnières guillochées, ces coffrets dont Frémiet a sculpté les figures et dont Claudius Popelin a peint les émaux, ces soupières et ces cafetières imitées des anciennes argenteries Louis XV, ces ostensoirs de vermeil, ces cadres de miroirs à main au repoussé, ces châsses, ces dyptiques, ces crosses pastorales, ces saints-ciboires, ouvragés, couverts de pierres fines et de gemmes, ces coupes d’agate, de girasol, de jaspe sanguin, montées, en or, et ces statuettes d’argent ciselé que ne désavoueraient pas les Florentins du XVIe siècle. La valeur du métal n’est plus rien comparée à la finesse et au mérite du travail. Il en est un peu de même d’ailleurs dans la joaillerie. Les vitrines de nos bijoutiers, pleines de rivières de diamans, de colliers de perles, de bracelets et de diadèmes de pierreries, de boutons d’oreilles de brillans énormes, montrent autant d’art dans la monture et dans l’invention des formes que de richesse dans la matière. Parmi ces joyaux, une broche faite de trois saphirs est estimée 2,500,000 francs. Le plus bel éloge à faire des joailliers français, c’est dire qu’ils sont dignes de monter de telles pierreries.

Les expositions universelles, profitables aux autres nations, sont inutiles à la France. Les œuvres de son art et de son industrie ne sont-elles pas répandues par toute l’Europe à laquelle elles servent