numéraire nouveau, entrant dans la circulation, fait hausser les prix. Ceux qui ont des marchandises prêtes font alors des bénéfices exceptionnels, et tout le monde gagne. Bientôt, il est vrai, ces sources exceptionnelles de profits tarissent, car le fabricant doit plus débourser pour la main-d’œuvre ; mais l’élan a été donné, et le district est définitivement enrichi. L’accroissement de la population et des échanges a même ouvert un nouveau débouché au numéraire, qui ainsi, quoique accru, peut ne pas se déprécier. C’est précisément là l’effet qu’a produit le demi-milliard d’or qu’a fourni annuellement la Californie de 1850 à 1870. Il a provoqué d’abord ce prodigieux accroissement de la production et des échanges, ce développent inouï de l’industrie et du commerce qui ont eu lieu à cette époque. Ce n’est que plus tard et insensiblement qu’il en est résulté une hausse des prix presque annulée aujourd’hui. La commission monétaire néerlandaise de 1873, composée d’hommes très compétens, résume parfaitement les effets de l’abondance du numéraire. On lit dans son rapport : « Il est reconnu que l’abondance ou la rareté du métal qui est la base du système monétaire, en rendant aussi rare ou abondant le moyen de circulation, a une grande influence sur le marché du crédit. Pour occasionner un changement général du prix, la rareté ou l’abondance doit avoir quelque durée. Elle fait sentir son premier effet sur le marché du crédit, et si elle est de courte durée, cet effet se limite en grande partie à cela. La rareté de l’agent de la circulation produit un marché du travail tendu et fait monter le taux de l’escompte. » Nous avons vu comment l’abondance du numéraire, quand elle se produit, stimule l’industrie et favorise le travail.
L’effet contraire a lieu quand l’argent devient plus rare. En effet alors les prix baissent. Il s’ensuit que les fabricans vendent leurs produits sans bénéfice ou même à perte. Pendant la crise actuelle beaucoup de manufacturiers n’ont pas retiré de la vente des marchandises fabriquées de quoi couvrir la dépense de la matière première. Poussé par la baisse, on vend à tout prix, et les moins bien outillés ou les plus endettés font faillite. Comme il n’y a rien à gagner dans l’industrie, l’argent s’accumule immobile dans les banques. On recherche les placemens sûrs qui atteignent alors un taux de capitalisation inusitée. Comme tout baisse, on a intérêt à garder son numéraire disponible, parce que sa puissance d’acquisition augmente sans cesse., On achètera meilleur marché demain qu’aujourd’hui, et ainsi celui qui possède de l’or s’enrichit sans rien entreprendre. Faute d’emploi pour les ouvriers, leur salaire baisse. Leur revenu diminuant, ils réduisent leurs achats. Les fabriques vendent moins, et la stagnation devient générale. C’est un cercle vicieux où la baisse engendre la baisse et où tout le monde