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la température du climat. Très nombreuses dans les pays chauds, elles se réduisent successivement à mesure qu’on avance vers les pôles jusqu’à ne plus présenter que le pin sylvestre et le bouleau aux regards attristés.

Nous allons, à propos des collections exposées, examiner rapidement les conditions dans lesquelles se trouvent les divers pays du monde relativement à la végétation forestière et rechercher quelle est pour chacun d’eux l’importance de la production ligneuse. Commençons par l’Amérique.


II.

Au point de vue climatologique, l’Amérique du Nord peut être di- visée en trois régions principales : la première embrasse toute la partie comprise entre l’Amérique russe et la Floride ; la seconde est la région des prairies, et la troisième la Californie, c’est-à-dire la bande située à l’ouest des Montagnes-Rocheuses, sur le versant du Pacifique. La première a un climat plus froid que celui de l’ancien monde et présente, par rapport à ce dernier, un retard de 10 à 20 degrés de latitude. Cette différence tient à la direction principale des chaînes de montagnes qui, courant en Europe de l’ouest à l’est, opposent une barrière aux vents froids du pôle ; tandis que, dirigées en Amérique du nord au sud, elles laissent à ceux-ci, comme à ceux qui soufflent du golfe du Mexique, une libre carrière ; aussi les extrêmes de température y sont-ils très accentués. D’un autre côté, le Gulf-stream vient échauffer les côtes occidentales de l’Europe et reculer jusqu’au nord de la Norvège les limites de la zone tempérée, tandis que le courant polaire de retour longe la côte américaine et exerce une action réfrigérante.

Toute cette région était couverte autrefois d’une immense forêt dont les défrichemens ont fait disparaître aujourd’hui la plus grande partie. Le sapin blanc est l’essence qui s’avance le plus vers le nord ; il pénètre même dans la région de la flore arctique, dont le sol ne se dégèle que superficiellement, pendant les quelques mois d’été, et forme, mélangé au sapin baumier et au mélèze américain ou tamarac, le peuplement exclusif de la vaste forêt qui s’étend de l’Amérique russe au Labrador. Plus au sud, les bois feuillus se mélangent aux résineux : le pin rouge, le hemlork, le spruce, le pitchpine, s’entremêlent avec les bouleaux, les chênes, les châtaigniers, les érables, les noyers, les tulipiers, et comme la présence des grands lacs canadiens retarde en automne l’arrivée des froids, les feuilles se maintiennent sur les arbres jusqu’aux approches de l’hiver et donnent aux forêts cette infinie variété de tons qui a