Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 29.djvu/837

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puisqu’elle n’apporte à ces contrées qu’un air dépourvu d’humidité venant des régions glacées du pôle; la mousson du sud-ouest, au contraire, qui souffle d’avril à octobre, entraine avec elle un air chaud et saturé des vapeurs pompées dans les mers de l’Inde qui se condensent en s’avançant vers le nord et occasionnent des pluies abondantes. Ainsi partout où des circonstances locales n’y font pas obstacle, les hivers sont froids, les printemps pluvieux et les étés chauds. Ce sont là des conditions très favorables à la végétation forestière, puisque les plantes peuvent se développer vigoureusement au printemps avant de prendre, sous l’influence des chaleurs de l’été, une consistance ligneuse. Cette région devrait donc être et serait en réalité une des plus boisées du monde, si les défrichemens n’avaient en Chine relégué les forêts dans les montagnes de l’ouest. Il n’en est pas de même au Japon, où d’anciennes lois défendaient d’abattre un arbre sans le remplacer aussitôt par un autre ; aussi y trouve-t-on encore de fort belles forêts qui renferment des richesses considérables. Le paysage japonais, avec ses pentes boisées et ses vallées arrosées et cultivées, est un des plus beaux qu’on puisse voir.

La flore de cette région, qui ressemble à celle de la région méditerranéenne, est caractérisée par des arbustes au feuillage toujours vert et par une grande variété d’arbres résineux dont beaucoup sont spéciaux à ces contrées. Tels sont les plus parasols du Japon (sciadopitys), les cryptomerias, déjà complètement naturalisés dans nos jardins; les chamœcyparis, les thuyopsis, les plus à écorce blanche (bunageana) dont l’écorce, d’abord verte, blanchit en vieillissant, au point de paraître avoir été passée à la chaux; les ginkos (Salisburia adiantifolia), dont la croissance est extrêmement rapide et le travail très facile. Parmi les bois feuillus qui étaient également représentés dans les collections du Champ-de-Mars, citons diverses variétés de chênes, de frênes, de tilleuls, de sycomores, de hêtres, le camphrier (cinnamomum camphora), le planera cuspidata, variété d’orme à fibre ondulée, avec lequel les Japonais obtiennent par un débit de contre-maille un placage de toute beauté, le paulownia, dont le bois léger et poreux sert à fabriquer la plupart des objets laqués et dorés aujourd’hui si recherchés en Europe; mentionnons enfin le bambou, l’arbuste le plus précieux du pays par les usages divers auxquels on l’applique.

Au point de vue climatologique, l’Inde fait partie de la région des moussons, dans laquelle le passage du soleil d’un côté à l’autre de l’équateur détermine des courans périodiques qui souillent tantôt dans un sens, tantôt dans un autre et amènent alternativement la saison sèche et la saison pluvieuse. Toute cette région, qui comprend