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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 29.djvu/838

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en outre la Birmanie, Siam, la Cochinchine, les îles tropicales de Java, Sumatra, Bornéo, etc., est couverte de forêts d’essences les plus variées. Dans les parties basses, ce sont des bambous, des fougères arborescentes, des palmiers, des mangliers, des banyans soutenus par des racines aériennes et dont les branches tombantes engendrent en touchant terre des sujets nouveaux. Tous ces arbres, mélangés d’arbrisseaux surchargés de parasites, donnent aux forêts l’aspect d’une serre en désordre dans laquelle on ne peut distinguer les individus, et non l’aspect majestueux des belles futaies de nos contrées qui les fait ressembler à une immense galerie de colonnes gothiques. Sur les points plus élevés paraissent le chêne vert, le châtaignier, le sâl (shorea robusta) estimé comme bois de construction et qui forme au pied de l’Himalaya une immense ceinture de forêts, l’acacia catechu, le santal (santalum album) au bois odorant, le teck (tectona grandis), le plus précieux des arbres de ces contrées, qui peuple encore en Birmanie, et surtout dans l’île de Java, d’immenses forêts, mais qui est depuis longtemps dans l’Inde l’objet d’exploitations abusives. Plus au nord enfin, sur les pentes orientales de l’Himalaya et dans les vallées étroites qui en descendent, les forêts prennent la physionomie des régions tempérées; on y rencontre la plupart des bois feuillus de l’Europe, auxquels succèdent les conifères. Ce sont les cèdres déodoras, les sapins de Webb, les plus élevés (pinus excelsa) et les plus à longues feuilles (pinus longifolia), qui, d’abord mélangés aux feuillus, constituent bientôt le peuplement exclusif.

Le gouvernement indien a envoyé à l’exposition une collection de plus de 600 échantillons se rapportant à 270 espèces, tous parfaitement étiquetés et classés avec le plus grand soin. Il faut dire à sa louange que depuis un certain nombre d’années il s’occupe avec sollicitude de la conservation et de l’amélioration des forêts de ce pays, pendant trop longtemps exposées aux dévastations des indigènes. Incendiées par eux pour avoir des terres à mettre en culture, elles ont disparu sur bien des points pour faire place à des jungles inextricables et qui servent de repaire aux bêtes fauves. Le gouvernement possède, sous le nom de forêts réservées, environ 24,380,000 hectares, et il a pour les gérer une administration spéciale dont un grand nombre d’agens ont fait leurs études à l’école de Nancy.

L’administration des colonies françaises a également exposé une collection de bois provenant de la Cochinchine, dont les essences diffèrent peu de celles de l’Inde. C’est dans la province de Bien-Hoa que se trouvent les forêts les plus considérables dont l’exploitation donnera lieu quelque jour à un commerce important; déjà