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ETUDE
SUR LA
POLITIQUE FRANÇAISE EN 1866

V.[1]
LES DERNIÈRES NÉGOCIATIONS. — LES RESPONSABILITÉS.


X. — LES DEMANDES DE COMPENSATION.

Tandis que M. de Bismarck, au milieu d’une armée triomphante, voyait la fortune le combler de ses prodigalités, M. Drouyn de Lhuys s’essayait avec une énergie nouvelle, en face des récriminations du sentiment public, à ressaisir les occasions perdues. Il était bouleversé des concessions faites à l’ambassadeur de Prusse ; elles enlevaient, à vrai dire, à sa politique les seuls moyens d’action qui lui restaient pour forcer le cabinet de Berlin à transiger avec nos intérêts. Il ne s’agissait plus en effet du principe de la contiguïté des territoires que, la veille encore, il refusait d’admettre, si le gouvernement prussien devait repousser celui des compensations. C’était l’annexion pratiquée sur une vaste échelle, dépassant 4 millions d’habitans, concédée par surprise, sans restriction, sans autre garantie que des déclarations et des protestations. A la vérité, M. de Goltz, sous le masque du dévoûment, avait surpris la religion de l’empereur. Il lui avait fait de l’exaltation de l’armée prussienne et de ses états-majors le tableau le plus inquiétant; il avait placé sous ses yeux des lettres confidentielles du quartier général disant que M. de Moltke se faisait fort, malgré l’insuffisance de sa

  1. Voyez la Revue du 1er et du 15 septembre, et du 1er et du 15 octobre.