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30,000 mètres cubes que produisent les forêts soumises au régime forestier; le surplus est employé comme étais de mines.

Le charme est commun dans les forêts du nord et de l’est de la France, où il se montre soit à l’état d’essence dominante, soit mélangé avec le chêne, le hêtre ou le bouleau; il occupe une superficie de 1,102,000 hectares, c’est-à-dire 12 pour 100 de l’étendue totale des forêts ; c’est un arbre de moyenne grandeur qui produit un bois dense, tenace, propre à la confection des outils, des roues d’engrenage, des manches de parapluie, des formes de chaussures, des bois de tour, etc. Exploité en taillis, il donne des perches de mines et un chauffage qui peut être considéré comme le meilleur que nous possédions. On évalue à 1,116,000 mètres cubes la production totale du charme dans les forêts domaniales et communales ; dans ce chiffre, le bois d’œuvre entre pour 38,500 mètres cubes et le bois de feu pour 1,077,500.

Les autres essences feuillues sont moins répandues que les précédentes; mais, sur les points où elles se rencontrent dans une assez forte proportion, elles donnent naissance à des industries spéciales qui souvent font la prospérité d’une contrée et dont les spécimens se rencontrent soit au Champ de Mars, soit au Trocadéro. Le tilleul a une écorce fibreuse dont on fait des cordes à puits et des liens pour les gerbes de blé; l’érable sert à faire des meubles de luxe et des instrumens de musique; l’orme est recherché pour le charronnage, le bouleau est employé à la fabrication des sabots et des allumettes ; le tremble, débité en petites lanières, est tissé en nattes et en tapis de table, ou entre dans la composition de la pâte à papier; l’alisier fournit des manches d’outils, le merisier des bois d’ébénisterie, etc.

Les essences résineuses ne sont pas moins précieuses que les essences feuillues. Bien que moins répandues que ces dernières, puisqu’elles ne couvrent dans leur ensemble qu’une superficie de 1,837,000 hectares, c’est-à-dire seulement le cinquième de l’étendue totale du sol forestier, elles donnent une quantité de bois d’œuvre plus considérable. Elles en fournissent en effet 2,610,617 mètres cubes, tandis que les forêts feuillues n’en produisent que 2,322,826. Cette différence tient d’une part à la forme des arbres dont les tiges allongées et sans branches sont, dans presque toute leur longueur, utilisées pour le travail ; d’autre part, à ce que les forêts résineuses ne pouvant être exploitées en taillis sont nécessairement aménagées à d’assez longues révolutions qui permettent aux arbres de prendre les dimensions qui les rendent aptes à de nombreux usages.

Parmi les arbres résineux de nos régions, le sapin est le plus important, aussi bien sous le rapport de la surface qu’il occupe que