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à ces conditions et qui, non-seulement par la rapidité de sa croissance, mais par l’influence qu’il exerce sur la salubrité d’une contrée, mérite réellement qu’on cherche à l’introduire partout où il pourra s’acclimater. Mais il exige un terrain profond et un climat chaud, et il est peu probable qu’il puisse jamais franchir les limites de la région méditerranéenne.

Parmi les industries que nous avons mentionnées comme consommant une assez grande quantité de produits ligneux figure celle de la fabrication du papier. Jusque dans ces derniers temps, celui-ci était fait avec des chiffons qu’on soumettait à des opérations de lavage et d’effilochage, de façon à en former une pâte qui, étendue à la main dans une forme, ou répandue sur une toile métallique sans fin, était ensuite pressée entre des cylindres de feutre. On obtenait ainsi soit le papier à la feuille, soit le papier au rouleau, auquel une dissolution de colle-forte et d’alun donnait sa consistance définitive. L’augmentation continue de la consommation et la rareté croissante du chiffon conduisirent les fabricans à recourir à d’autres matières fibreuses végétales ; on a employé la paille des céréales, les roseaux, l’alfa, l’écorce des bambous, les tiges de pommes de terre, etc. ; mais on a dû, en partie du moins, renoncer à ces substances qui ne donnent qu’un papier commun, et aujourd’hui on s’en tient presque exclusivement au bois. Celui-ci, débité en bûches à la longueur ordinaire, est désagrégé au moyen d’une meule de grès; les fibres entraînées par un courant d’eau passent à travers plusieurs caisses et cylindres de toile métallique; les plus grossières sont arrêtées au passage et servent à faire les papiers communs; les autres, condensées peu à peu, finissent pardonner une pâte que l’on comprime et que l’on peut, soit mélanger immédiatement avec la pâte de chiffons, soit expédier au loin après l’avoir séchée. Cette pâte entre pour une proportion de 20 à 40 pour 100 dans la composition du papier et remplace une égale quantité de pâte de chiffons ; elle procure ainsi une économie considérable, car elle ne vaut que 30 francs les 100 kilogrammes, tandis que cette dernière se paie de 140 à 180 francs. Les bois qui conviennent le mieux sont ceux du tremble et du bouleau ; les autres essences ont une fibre plus courte et donnent par conséquent un papier moins consistant. On évalue à 100 millions de kilogrammes la quantité de papier fabriquée en France; il y entre 25 millions de kilogrammes de pâte de bois produite par environ 100,000 stères; mais la France n’en fournit que 16 millions de kilogrammes, le surplus est importé de l’étranger.

Une autre industrie qui réclame également une grande quantité de bois est l’industrie minière, à laquelle il ne faut pas moins de 740,000 stères pour en faire des étais de galeries. Les trois principaux