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publique jusqu’au 1er janvier 1876 a été de 199, comprenant une contenance totale de 128,269 hectares, sur lesquels jusqu’ici 27,974 hectares ont été reboisés et 1,516 hectares regazonnés; la dépense totale pour ces travaux s’est élevée à 7,615,655 fr. 20 cent.

Si ces résultats étaient réellement acquis et s’ils s’appliquaient à des travaux d’une utilité incontestable, le pays n’aurait qu’à s’applaudir de l’emploi si fructueux qu’on a fait de son argent; mais nous pensons qu’il faut beaucoup en rabattre et que le moment n’est pas encore venu de monter au Capitole. Nous ne chicanerons pas le directeur général, qui du reste n’est plus en fonctions, sur le chiffre des dépenses qui a été sciemment atténué, car il ne comprend ni le montant des acquisitions de terrains faites par l’état, ni les frais de création et d’entretien des pépinières, ni le traitement du personnel spécial chargé du reboisement des montagnes. Ce sont là des détails auxquels il n’y aurait pas lieu de s’arrêter si le but principal avait été atteint. Mais il faut tout d’abord, si l’on se place au point de vue du régime des eaux et de l’extinction des torrens, ne tenir que fort peu de compte des reboisemens facultatifs dus à l’initiative des communes et des particuliers.

Les auteurs de la loi de 1860 firent de cette initiative le pivot de leur combinaison ; ils crurent que des primes et des subventions suffiraient pour décider les propriétaires à replanter les terrains qu’ils avaient laissé se dégrader, et s’ils admirent le principe de l’expropriation et l’exécution des travaux par l’état, ce ne fut qu’à titre d’exception. C’était là une erreur capitale. Les terrains qu’il importe surtout de reboiser sont des terrains accidentés, d’une exploitation difficile et dont la transformation en bois ne saurait être avantageuse pour le propriétaire, sans quoi il les eût maintenus dans cet état au lieu de les défricher. Ce ne sont pas ceux là que les particuliers ont intérêt à replanter, mais ceux qui se trouvent à proximité des débouchés et dont les produits peuvent compenser les frais d’une opération onéreuse, c’est-à-dire ceux qui, situés dans des régions d’un accès facile, sont par cela même en dehors de l’action des torrens. On peut donc considérer les travaux faits dans ces conditions comme presque inutiles pour le but qu’on cherche à atteindre, et il n’est pas téméraire de dire que les sommes déboursées par l’état pour les reboisemens facultatifs eussent été beaucoup mieux employées en acquisitions de terrains et en travaux exécutés par lui sur d’autres points ; d’autant plus que, la subvention payée, l’état n’a plus d’action sur les terrains reboisés et ne peut empêcher les causes qui en ont amené le défrichement une première fois de se reproduire dans l’avenir.

Les reboisemens faits par l’état dans les périmètres obligatoires sont plus sérieux et d’une efficacité incontestable ; mais ils ont été