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étant admis à contracter un engagement dans la marine royale, tandis que les élèves des écoles de réforme en sont exclus, à raison de la tache que leur condamnation à l’emprisonnement a imprimée sur eux.

De toutes les écoles de réforme la plus ancienne, car sa création avait précédé l’acte de 1854, et la plus connue, est celle de Red Hill, souvent désignée sous le nom de Philantropic society farm school. Cette ferme-école a été en grande partie fondée en imitation de celle de Mettray, et on a fait à M. Demetz l’honneur mérité de l’inviter à en poser la première pierre. Le système suivi est celui de la division des enfans par familles, en cinq maisons différentes, sous la surveillance générale d’un chapelain, qui est aussi le directeur : c’est dire que la discipline y est surtout maintenue par l’influence morale et religieuse. Les enfans y sont employés en grande majorité aux travaux des champs, dans une contrée fertile et riante. Cependant cette éducation agricole est complétée par l’enseignement des métiers qui sont communément en usage dans les campagnes : charpentiers, forgerons, boulangers. La Société philanthropique destine surtout ses élèves à la vie rurale ou à l’émigration, et elle obtient ainsi des résultats satisfaisans. Sur deux cent vingt-deux enfans libérés pendant les trois dernières années vingt-six seulement sont tombés en récidive, soit environ 11 pour 100. La moyenne en France est de 14 pour 100. Toutefois, puisqu’on a rapproché Red Hill de Mettray, il faut faire observer que sur quatre cent douze enfans libérés dans ces trois dernières années, Mettray n’a eu que dix-huit récidives, soit une proportion près de trois fois moindre.

La ferme-école de Red Hill contient environ trois cents enfans. Plus nombreuse encore, et à ce point de vue tout à fait exceptionnelle, est l’école industrielle de Feltham qui en contient plus de huit cents. Cette école est spéciale pour les enfans du comté de Middlesex, c’est-à-dire d’une partie de Londres et des environs. A Feltham, je me suis trouvé en présence d’une discipline toute militaire, sous la direction active et intelligente d’un ancien capitaine de l’armée. Les exercices du corps, nécessaires pour fortifier le tempérament appauvri des enfans de Londres, tiennent une grande place dans cette éducation, et je suis arrivé quelques jours trop tard pour assister aux athletic sports, publiquement exécutés par les élèves de l’école, dont on m’a du moins remis le programme fort détaillé. Les enfans de l’école de Feltham sont préparés à toutes les professions, l’agriculture, la cordonnerie, la musique militaire, la marine même, grâce à l’installation sur terre ferme de la coque d’un vaisseau-école dont on est surpris d’apercevoir au loin la mâture au