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LA RELIGION
DANS ARISTOPHANE

II.
LES CULTES ENTHOUSIASTES ET MYSTÉRIEUX.

« Vierges qui portons les pluies, allons visiter la contrée brillante de Pallas, l’aimable terre de Cécrops, fertile en hommes valeureux, où s’accomplissent les augustes cérémonies, protégées par le silence, dans le secret du sanctuaire mystique ouvert aux saintes initiations ; où, en l’honneur des dieux célestes, s’élèvent les temples et les statues, s’avancent les processions saintes, se célèbrent en toute saison les sacrifices couronnés de fleurs et les fêtes brillantes… » Nous citions[1] ce joli chant des Nuées comme un exemple de la grâce sérieuse que pouvait déployer Aristophane, quand il exprimait sincèrement les sentimens pieux de ses compatriotes. On y trouve nettement distingués les deux objets principaux de la piété athénienne : le culte des dieux olympiens, — nous avons vu comment le poète comique se comporte à leur égard, — et le culte des divinités mystérieuses ; il entend ici celui des grandes divinités d’Éleusis, et le désigne en premier lieu comme l’honneur d’Athènes. On est moins habitué à considérer ce côté de la religion dans le théâtre d’Aristophane. Il y occupe cependant une place considérable comme dans les mœurs religieuses des Athéniens.

En effet, la religion athénienne, de même que la religion hellénique en général, se divise en deux grandes parts, qu’on peut ap-

  1. Voyez la Revue du 1er août.