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sans que la plus légère atteinte ait été portée même à la plus minime des choses que l’État y possède. »

Je n’ajouterai rien à ces paroles de mon éloquent défenseur.

Veuillez agréer, monsieur le directeur, l’assurance de mes sentiments de considération.

JULES HEREAU.

La réclamation de M. Jules Héreau, ancien délègue de la commune aux musées nationaux, prouve simplement que ses souvenirs ne concordent pas avec ceux qu’a laissés son passage au Louvre. Il me sera facile de le démontrer dans une réponse que la Revue publiera le 15 décembre.

MAXIME DU CAMP.



ESSAIS ET NOTICES.
Mémoires et lettres de François-Joachim de Pierre, cardinal de Bernis (1715-1758), publiés par M. Frédéric Masson ; Plon, 1878.


Voilà deux volumes qui pourraient bien renouveler du tout au tout telle partie consacrée de l’histoire du XVIIIe siècle. En tout cas, ils modifieront singulièrement l’idée que la plupart de nos historiens nous ont donnée du cardinal de Bernis. Ils permettront de disculper un galant homme des accusations ridicules qui pesaient sur sa mémoire. Ils permettront de rendre enfin la justice qui lui est due à un ministre dont le patriotisme fut sincère et le rôle politique, non pas à dire vrai plus considérable, mais au moins plus raisonnable et mieux joué qu’on ne pense. C’est ce que le savant éditeur, M. Frédéric Masson, à très bien montré dans une copieuse introduction qui est un excellent morceau de critique historique. Et l’on fera bien de retenir ses propres paroles Sur cette alliance autrichienne de 1756, reprochée presque unanimement à Bernis, comme le plus éclatant abandon des traditions éprouvées du grand règne. « Cette alliance n’était pas seulement utile, elle était là seule que la France put conclure. Elle aurait dû la saisir, même au cas où elle ne lui eût rien rapporté, et c’était ce que Bernis avait fait le 1er mai 1756. Elle devait s’en servir au mieux de ses intérêts et c’est ce que fit Bernis le 1er mai 1757. »

Nous n’avons pas grand goût pour les « nouveautés » en histoire. D’une manière générale, il est toujours plus prudent et plus sûr de chercher la justification des opinions reçues que de proposer des doutes et des contradictions. Il y a presque toujours une raison secrète aux opinions reçues, et c’est en histoire surtout qu’il faut se défier du paradoxe. Mais ici, pour beaucoup de raisons, toutes claires comme le jour,