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présentât, non pas isolé, non pas perdu dans une foule de toute origine, mais avec ses camarades et comme partie intégrante de l’institution où il a fait ses études. Les examens ont une double utilité : ils servent à éliminer les candidats indignes ; mais ils doivent aussi servir à améliorer l’enseignement, là où il s’est montré défectueux. Une troisième mesure qui contribuerait à raffermir l’organisation scolaire, ce serait de laisser à la faculté le droit d’ajourner à un an les candidats refusés. On n’aurait plus le spectacle de ces élèves de rhétorique qui, refusés une première fois, n’en entrent pas moins en philosophie, espérant passer au bout de trois mois, au bout de six mois, et perdent la seconde année à vouloir rattraper la première. Les modifications que nous demandons tourneraient à l’avantage des études, en quelque maison que l’élève les fît, et nous sommes convaincu que les directeurs laïques et ecclésiastiques qui mettent le progrès de l’instruction au premier rang de leurs préoccupations n’hésiteraient pas à y souscrire. Il serait à désirer, en outre, que les grandes écoles du gouvernement, qui, sans le vouloir, pèsent sur les classes par la condition de la limite d’âge, consentissent à la reculer de manière à permettre aux proviseurs de s’opposer aux familles qui, pour faire gagner des classes à l’enfant, poussent à l’escalade du baccalauréat.


L’autre route qui s’ouvre à la jeunesse dans nos lycées et collèges, c’est l’enseignement secondaire spécial. Un peu négligé depuis que son auteur a quitté le ministère, il n’en a pas moins notablement prospéré depuis dix ans, et si l’on fait le compte du nombre total d’élèves présens dans les établissemens de l’état, on voit qu’un tiers environ y appartient. Toute l’augmentation de la population des collèges communaux porte sur des élèves de cet ordre. Ces faits montrent combien une route intermédiaire entre l’instruction primaire et l’instruction classique était nécessaire. Cependant sur la forme et sur la durée de cet enseignement, les esprits ne sont pas encore d’accord, les uns voulant le relever par l’adjonction du latin, les autres le trouvant encore trop savant et trop compliqué. La création de l’enseignement primaire supérieur va modifier les termes de la question. Une fois que chaque arrondissement, que chaque canton possédera une école gardant les jeunes gens jusqu’à quatorze et quinze ans, et leur donnant en français, en histoire, en géographie, en sciences physiques et mathématiques, en dessin, les notions les plus usuelles, l’enseignement secondaire spécial, sous peine de déchoir, devra hausser ses programmes. Il s’adresse aux classes commerciales et industrielles, tandis que l’autre est plutôt fait pour les populations ouvrières et agricoles. Dès à présent, il