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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 30.djvu/746

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serait sans doute nécessaire de lui donner plus de consistance, non en y joignant le latin, mais en renforçant l’étude du français, en approfondissant les sciences naturelles.

Une chose qu’on ignore généralement, c’est que les établissemens de l’université emploient en assez grand nombre des fonctionnaires empruntés à l’enseignement primaire : 894 instituteurs brevetés font la classe dans nos collèges communaux et 254 dans nos lycées. Ils sont placés habituellement dans la classe primaire, qui ne laisse pas que de contribuer pour une bonne part à la prospérité des collèges communaux. Il n’y a pas là de quoi triompher pour les établissemens ecclésiastiques, car ils font exactement de même. Mais ce sont des données qu’il ne faut pas perdre de vue en procédant aux améliorations de l’enseignement primaire, et c’est pour cela que nous donnions plus haut aux écoles Turgot le conseil d’éviter le voisinage des collèges.

Nous ne quitterons pas cette partie de notre sujet sans faire une remarque qui est tout à l’honneur de l’administration universitaire. De grandes dépenses, qui, pour le personnel seulement, peuvent s’estimer à une augmentation annuelle de 40,000 francs par lycée, ont été faites depuis dix ans, et cependant les sacrifices d’argent demandés aux familles n’ont été élevés que d’une manière insignifiante. C’est donc l’état qui a pris à sa charge la plus grande partie des perfectionnemens réalisés. Conformément à une tradition qui remonte à l’ancien régime, l’externat est d’un prix des plus modiques : la rétribution scolaire s’élève en moyenne à 110 francs par an pour les lycées et 72 francs pour les collèges. Un autre côté généreux par où se distingue l’enseignement secondaire de l’état, c’est le grand nombre des bourses : un interne sur dix, un externe sur cinq, sont boursiers. Sans faire aucun bruit de ces libéralités, l’université paie ainsi la dette qui lui a été léguée par les anciens collèges et couvens dont elle est l’héritière.


III

Pour l’instruction supérieure aussi nous possédons depuis quelques jours la statistique de 1867 à 1876. On y peut voir d’un côté les progrès d’un parti qui, à ce degré suprême de l’enseignement, prépare et commence des conquêtes semblables à celles qu’il a faites précédemment aux deux étages inférieurs ; et d’un autre côté, l’on assiste aux efforts faits depuis dix ans par l’état pour relever ses écoles, pour combler les vides et pour réparer les arriérés qu’une longue négligence avait créés.

La loi du 12 juillet 1875 sur la liberté de l’instruction supérieure