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LA
MARINE DE L'AVENIR
ET
LA MARINE DES ANCIENS

II.[1]
LA MARINE DE PÉRICLÉS


I

Les joies de la victoire sont courtes : la Grèce était encore dans l’ivresse où l’avait jetée un triomphe éclatant, quand un bruit sinistre se répand de bourgade en bourgade et va porter l’alarme jusque dans Lacédémone et dans Athènes : le vainqueur de Platée et le vainqueur de Salamine, Pausanias et Thémistocle, s’entendent secrètement avec le roi des Perses. Nos pères ont connu l’émotion que causa dans Paris l’incroyable rumeur qui accusait Pichegru et Moreau de relations avec l’étranger, mais alors la France avait une gloire sans égale pour la rassurer contre les résultats de machinations criminelles ; la Grèce ne possédait que l’honnêteté d’Aristide, insuffisant contre-poids à opposer à tant d’héroïsme et à tant de génie. Il faut se méfier cependant de ces clameurs populaires : si, malgré les défaites successives de ses armées, la magnificence et la magnanimité de Xerxès eussent conservé assez de prestige pour séduire des généraux que leurs services rendaient incontestablement

  1. Voyez, dans la Revue du 1er août 1878, la Bataille de Salamine.