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quittèrent pas de la matinée, et quand il reprit le chemin du Palais du Nain, le chien trottait à ses côtés et Itza marchait derrière lui.

Lorsque George Willis le vit revenir escorté de celle qu’il cherchait vainement depuis plusieurs jours, son calme ne se démentit pas. Il examina curieusement l’Indienne, écouta le récit de son cousin et déclara que, des deux nouveaux venus, le chien semblait être de beaucoup le plus sociable. De fait, il ne perdait de vue aucun des mouvemens de Fernand. Quant à Itza, elle ne songeait nullement à s’en aller ; son regard errait des jeunes gens à sa bête. Fernand lui fit donner des tortillas et un verre de maté. Après avoir mangé et bu, elle appela son compagnon, qui se coucha à ses côtés, puis s’adossant à la muraille, elle s’enveloppa la tête de son sérapé.

— Elle me paraît peu disposée à causer, dit George, mais cela viendra peut-être. Ne l’effrayons pas.

La rencontre d’Harris et ses paroles insolentes parurent aux jeunes gens mériter une attention sérieuse. Fernand insista pour se mettre à sa poursuite. Tout indice était précieux. Il fit seller son cheval et partit pour Mérida. Don Rodriguez n’était pas de retour ; Fernand se rendit chez le curé et lui raconta ce qui s’était passé. Ce dernier donna ordre à un de ses Indiens de prendre des informations. Ils apprirent qu’Harris avait été vu dans la matinée en route pour Sisal, où, disait-on, sa goélette, arrivée depuis deux jours, appareillait pour un nouveau départ. Le curé Carillo détourna Fernand de le suivre.

— Il a trop d’avance sur vous pour que vous puissiez le rejoindre ; je crois qu’il vous a dit vrai et qu’il ne reparaîtra pas. Qu’il aille se faire pendre ailleurs.

George ne fut pas surpris de l’insuccès de Fernand. Itza n’avait pas bougé. Après avoir donné ordre à un de leurs matelots de surveiller les mouvemens de l’Indienne tout en la laissant libre, ils s’acheminèrent vers le palais du gouverneur. Pendant le trajet, Fernand rendit compte à son cousin des résultats de son exploration. Aucune des ruines qu’il avait visitées ne répondait exactement à ce qu’il cherchait. Celle qui s’en rapprochait le plus était le Palais du Nain, mais le plan qui lui servait de guide relevait quatre façades, et le Palais du Nain n’en avait que trois. La cour intérieure était fidèlement représentée, et la statue, qui en occupait le centre, reproduisait par ses dimensions le cercle indiqué dans le plan.

George l’écoutait avec attention. Une idée traversa son cerveau.

— Quelle date probable assignes-tu à ce plan ?

— Il est assez difficile de préciser ; trois ou quatre ans peut-être.

— Soit. Admets-tu comme possible que depuis ce temps la façade sud ait pu s’écrouler ?