à de petits trous creusés de place à place dans le flanc du rocher, Pour moi, descendu dans le ravin, rien qu’à la pensée de l’ascension, je me sentais pris de vertige ; si l’on en juge par leur nombre et leur étendue, ces cavernes ont dû loger autrefois une grande population.
« Le roi Minylik les a données avec un beau domaine à la mission catholique ; c’est dans ces grottes transformées en magasins que Mgr Taurin renferme les provisions et les objets les plus précieux de la mission, et il faut convenir qu’ils sont bien serrés ; on a même transformé l’une d’elles en église où la messe se dit quelquefois. Du reste l’habitude de cette difficile descente a donné au prélat un tel mépris du danger qu’il rit tout le premier des craintes qu’on ne peut s’empêcher d’éprouver pour lui.
« J’ai passé la nuit à Daro-Mikael, mais une lettre du roi datée de Finfini m’annonce qu’il est de retour de son expédition contre les Gallas, qu’il a conquis cinq nouvelles provinces, et qu’il doit arriver prochainement à Litché. Je renonce donc pour le moment à pousser jusqu’à Finfini, et vais attendre le roi dans sa capitale.
« Mercredi 30 juin. Depuis deux jours la ville est en fête ; l’entrée de l’armée victorieuse a été célébrée par des chants, des banquets et tous les signes de l’allégresse publique. Jamais je n’avais vu tant de gaîté, tant d’animation. Aujourd’hui, la première effervescence étant un peu calmée, le roi, qui ne perd pas l’habitude de travailler, a réuni auprès de lui les missionnaires catholiques. Mgr Massaja a été agréablement surpris d’entendre de la bouche même du roi qu’il était décidé à suivre mes conseils et à en assurer le plein succès. A tous les points de vue, mon entreprise ne peut laisser les prélats catholiques indifférens ; en effet une route ouverte entre le Choa et la France, des relations établies avec l’Occident, ce n’est pas seulement l’intérêt général du pays et de la civilisation, c’est aussi la vie et l’avenir de leur mission définitivement assurés. »
La mission catholique au Choa et dans les pays Gallas est une œuvre éminemment française. M. Antoine d’Abbadie, membre de l’Institut de France, un des plus savans et des plus illustres explorateurs de l’Afrique centrale, en est le fondateur. C’est lui qui en 1838 vint demander à la cour de Rome l’envoi de missionnaires. Mgr Massaja, aujourd’hui chef de la mission, vit depuis plus de trente ans en Ethiopie, partageant son temps entre les devoirs de son sacré ministère et l’étude des langues de ces peuples qui lui ont été confiés. On a de lui une excellente grammaire de la langue amarina publiée en 1867 à Paris par l’imprimerie impériale et dédiée à son illustre ami et collaborateur M. d’Abbadie. En ce moment la mission comprenait, outre Mgr Massaja, vicaire apostolique