roi a précisément attendu pour tout dévaster que je l’eusse imploré en faveur de Heidelberg et de Mannheim, et l’on trouve encore mauvais que je m’en afflige. » On sent bien qu’elle est profondément outrée contre le roi, il n’y a plus trace de l’affection des premières années, et quand Mme de Maintenon devient toute-puissante, lorsque grâce à elle les légitimés voient de jour en jour croître leur importance et leur pouvoir, lorsque Madame est de plus en plus négligée, exclue du « sanctuaire, » alors le roi, sans jamais lui devenir tout à fait indifférent, est pour elle un objet tantôt de colère et tantôt presque de pitié. « Le roi change en tout d’une manière si effrayante que je ne le reconnais plus. Je vois bien d’où provient tout ce changement, mais je n’y puis rien faire… » « Je dois avouer que, lorsque j’entends les éloges qu’on donne en chaire au grand homme pour avoir persécuté les réformés, cela m’impatiente toujours. Je ne peux pas souffrir qu’on loue ce qui est mal, et je n’ai jamais eu à me reprocher de le faire, car je ne loue que ce que je crois digne d’éloges. Je ne puis supporter les rois qui s’imaginent plaire à Dieu en priant. Ce n’est pas pour cela qu’il les a mis sur le trône. Faire le bien, exercer le droit de la justice, contenir les prêtres et les forcer de s’en tenir à leurs prières sans se mêler d’autres choses, voilà quelle devrait être la vraie dévotion des rois. Qu’un roi fasse sa prière matin et soir, cela suffit ; du reste, il doit songer à rendre ses sujets heureux autant qu’il est en son pouvoir. » Cela est-il assez transparent et n’est-ce pas bien loin de l’affectueuse admiration des premières années ? Mais ce qu’on n’a pas besoin de lire entre les lignes, ce qui éclate et déborde, c’est sa haine contre Mme de Maintenon, haine profonde, immodérée, injuste certes à maints égards, et se traduisant par une série d’épithètes, les unes plus fortes que les autres. Madame a l’injure facile. Torcy, qui lui ouvre ses lettres, est un « crapaud. » Le maître de poste de Francfort, qui a le tort d’être friand de certains biens allodiaux des raugraves, et que Madame soupçonne fort aussi d’être indiscret, se voit appelé « gredin de roturier ; » elle appelle Lauzun « le crapaud de Mademoiselle ; » le jeune duc de Richelieu, qui compromit horriblement l’une des filles du régent, est traité de même. Quant à Mme de Maintenon, elle s’appellera, dans toutes ses lettres, « sorcière, ordure, » ou tout au moins « vieille ripopée ou ratatinée. » C’est qu’aussi elle la retrouve partout sur son chemin et dans le camp opposé ; jusqu’à la comédie tant aimée, Mme de Maintenon veut la lui faire supprimer. Et quand il s’agit de donner un gouverneur au duc de Chartres, elle appuie M. d’Effiat, le pire ennemi de Madame, le plus débauché des hommes. La vertueuse indignation de la mère a raison auprès du roi ; mais, quelques années plus tard, il lui fit payer bien cher cette concession : son fils épousa
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