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répandu, on apprit l’autre mariage avec la fille de M. le prince, ce qui causa dans Paris une grande joie. J’aime bien les bons Parisiens pour cela, et je leur sais gré de s’être ainsi intéressés à moi. » Sa fille est donc sauvée, mais son fils a en effet donné le rang à Mlle de Blois. Madame, au début, ne voulut pas avoir de rapports avec elle. « Quant à ma belle-fille, je n’aurai pas de peine à m’accoutumer à elle, car nous ne serons pas si souvent ensemble que nous puissions nous devenir à charge l’une à l’autre… Se dire le matin bonjour et le soir bonsoir, c’est bientôt fait. » Elle détestera toute sa vie cette bru, et jamais le chagrin que lui causa ce mariage ne sera entièrement effacé. « C’est l’une des plus grandes douleurs du monde de voir un fils unique se marier contre votre gré. Le mariage de mon fils a gâté toute ma vie et enlevé toute joie de mon cœur. » Elle la détestera jusqu’à la fin de ses jours, et c’est à elle, à la mauvaise éducation qu’elle donne à ses enfans, qu’elle attribuera tous les désordres de l’aînée. « La femme de mon fils est fausse comme le diable, elle tient de sa mère. Tous les enfans du roi et de Mme de Montespan, — sauf le comte de Toulouse, — sont élevés dans des idées si arrogantes qu’ils s’imaginent être meilleurs et plus haut placés que nous. Mme d’Orléans croit avoir fait à mon fils un honneur, une grâce en l’épousant. Elle ne s’occupe pas un instant de ses enfans. Ils ont pourtant la gouvernante qu’a eue ma fille ; mais celle-ci, Dieu merci, a été bien élevée. Un jour je demandai à la gouvernante pourquoi elle n’élevait pas mes petits-enfans aussi bien que ma fille ? Elle me répondit : « Avec Mademoiselle, j’étais sûre d’avoir votre appui ; mais avec ces enfans-ci, quand je me plaignais d’eux, la mère se moquait de moi avec les filles ; quand j’ai vu cela, j’ai laissé tout aile comme cela pouvait. » C’est de là que provient cette belle éducation ; mais comme je n’ai pas fait le mariage, je ne me suis pas non plus occupée des enfans. La mère élève les enfans de telle façon qu’on n’en retire que honte et mépris. Cette femme, cette paresseuse, s’est fait faire un lit de repos sur lequel elle s’étend pour jouer au lansquenet ; nous nous moquons d’elle, mais cela n’y fait rien. Elle joue étant couchée, elle mange, elle lit couchée ; en un mot, elle passe sa vie dans cette posture. Cette femme mange tant que l’on n’en croit pas ses yeux ; elle tient cela de son père et de sa mère. Ses filles aussi son ainsi faites ; elles, mangent jusqu’à ce qu’elles rendent et recommencent après, c’est écœurant ! La personne qui, à ce que j’espère, va s’amender (la duchesse de Berry) a bon cœur et de l’intelligence ; mais elle est bien mal entourée. Du côté de sa mère aussi, elle a des tantes et des cousines qui mènent ; une existence dévergondée. La mère ne s’occupe que de ses propres fantaisies. Un jour elle hait sa fille sans savoir pourquoi, et le jour d’après