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y avait une abondante rosée. On voit que, si la rosée fuit les villes, c’est que la fraîcheur des nuits n’y pénètre pas.

S’il est incontestable que Le Roi ait le premier donné l’explication rationnelle de la condensation de la vapeur, et qu’il ait formulé les premières idées exactes au sujet de la rosée, il faut pourtant avouer qu’il n’a pas tout découvert et qu’il a même commis des erreurs assez graves. Il est visiblement embarrassé quand il entre dans les détails et qu’il essaie de rendre raison de la rosée qu’on voit le plus communément dans l’herbe des lieux humides. Cet embarras, ces erreurs tiennent à une circonstance en apparence bien futile et qui l’égara. Il plaçait ses thermomètres au-dessus de l’herbe au lieu de les plonger dedans et il y trouvait une température supérieure au point de saturation, bien qu’il y eût de la rosée. Il crut alors devoir se jeter dans des explications complémentaires qui sont inexactes. Si par bonheur il avait eu la pensée de placer son thermomètre sur le sol même, ou au milieu de l’herbe, il y aurait trouvé une température beaucoup plus basse, et sa théorie, loin d’être atteinte, eût reçu une confirmation nouvelle dont il a laissé le soin à ses successeurs. Cela prouve qu’on peut être bien près d’une vérité sans la voir, et toucher des découvertes sans le savoir et sans les faire.


II

Si l’on avait dit à Le Roi : Vous expliquez la rosée par le refroidissement, mais comment arrive ce refroidissement ? .. il eût souri, j’imagine, comme on le fait à toute demande qui ne vaut pas la peine d’être écoutée. Il lui paraissait tout simple que, le soleil étant couché, la température dût baisser. Le foyer une fois éteint, la chaleur s’en va ; il ne lui est pas venu à la pensée de se poser cette question, ou qu’elle valût une réponse. C’est pourtant un sujet qui couvrait de grands problèmes, et méritait une étude indéfinie qui a occupé nos pères et qui nous préoccupe encore. C’est une histoire longue à raconter ; elle va nous mener jusque dans les détails des découvertes les plus modernes. Nous y rencontrons tout d’abord un fait des plus curieux. Quand le ciel est couvert pendant la nuit et qu’on distribue des thermomètres en divers endroits et à diverses hauteurs au-dessus du sol, on leur trouve des températures à peu près égales, un peu plus élevées contre le sol et un peu plus basses dans l’air. Par une nuit claire, il en est tout autrement. La surface du sol et l’intérieur des herbes accusent des températures beaucoup plus basses que l’air répandu à quelques pieds au-dessus. Le fait parait avoir été découvert par Patrick Wilson, de Glascow, en 1784, puis confirmé quelques années plus tard par Six, d’Edimbourg. Les observations de ce dernier furent publiées dans un écrit