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LE
SOCIALISME CONTEMPORAIN
EN ALLEMAGNE

IV.[1]
LES SOCIALISTES CONSERVATEURS ET LES SOCIALISTES ÉVANGÉLIQUES


I

Les mots de socialiste et de conservateur jurent de se trouver réunis ; l’un ne veut-il pas détruire tout ce que l’autre tient à conserver ? Cependant il est un parti qui prend cette dénomination, et il n’est pas téméraire de dire que, dans une certaine mesure, M. de Bismarck en est le plus illustre représentant. L’esprit allemand cherche, avant tout, à échapper au reproche d’Einseitigkeit, c’est-à-dire à l’habitude de ne voir les choses que d’un côté. Les objets ont en général une face éclairée et une face plongée dans l’ombre. Celui qui n’aperçoit que le côté illuminé par le soleil verra tout en rose, celui qui s’arrêtera au côté de l’ombre verra tout en noir. Si quelqu’un s’avise de faire le tour de l’objet, il soutiendra qu’il est à la fois noir et blanc, clair et obscur, et dans ces contradictions apparentes il y aura une sorte de logique et un reflet de la réalité. C’est ainsi qu’est né le socialisme conservateur. Lisez certaines de ses pages, vous croiriez qu’elles sont écrites par un

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1878.