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les décennales plus de six ; qu’au-delà de ce terme les députés devraient séjourner à leurs propres frais. On devait d’autant plus veiller à ce que la taxe des députés ne créât pas des dépenses considérables, que le clergé avait en outre sur son fonds général à subvenir à une foule de dépenses et de libéralités. Outre qu’on votait des gratifications à certains prélats qui s’étaient particulièrement entremis pour servir les intérêts de l’église, on accordait des pensions tantôt, et le cas était fréquent, à des ministres protestans convertis, tantôt à des écrivains dont les ouvrages étaient regardés comme ayant été utiles à la religion et à la propagation des bonnes doctrines. Voilà comment l’historien Varillas obtint de l’assemblée une pension pour son Histoire des Hérésies et Denis de Sainte-Marthe de fortes gratifications pour entreprendre la seconde édition du Gallia christiana dont la première avait été corrigée par ordre d’une assemblée antérieure. L’assemblée du clergé avait donc son budget de dépenses ; c’est là que figurait le traitement de ses officiers et de ses serviteurs, que l’on inscrivait même l’aumône qu’il était dans l’usage de faire aux pauvres à l’ouverture de chaque session. Cette charité contribuait à maintenir à l’assemblée le caractère religieux qu’elle entendait garder et qu’elle voulait imprimer à tous ses actes ; aussi l’on pense bien que dans un temps où les cérémonies du culte consacraient toutes les solennités publiques, elles ne pouvaient être séparées des séances de l’assemblée. L’ouverture et la clôture de la session étaient marquées par une grand’messe. Chaque séance commençait par une messe basse, à laquelle tous les députés devaient assister revêtus du costume qu’ils portaient à la salle des réunions, à savoir : les évêques, en rochet et en camail ; les députés du second ordre, en manteau court et en bonnet carré. Une fois que le bureau de l’assemblée, avait été élu et les pouvoirs vérifiés, on célébrait une messe solennelle du Saint-Esprit, où officiaient plusieurs des prélats appartenant à la députation et dans laquelle il y avait communion générale, comme à la messe d’ouverture de l’assemblée. Voilà au moins ce qui se pratiqua régulièrement à partir du XVIIe siècle. Les règlemens établis alors ne furent plus guère modifiés.


IV

Le gouvernement royal avait favorisé l’institution des assemblées périodiques du clergé, parce qu’elle lui assurait les moyens de tirer régulièrement des subsides de cet ordre riche et puissant. Il s’aperçut pourtant dans la suite que cette représentation ecclésiastique était de nature à lui créer parfois des embarras, qu’elle entretenait dans le corps sacerdotal un esprit d’indépendance en opposition avec ses vues. Aussi, tout en les convoquant, le roi et ses