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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/856

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l’Angleterre cinquante-neuf ans, à l’Italie cent trente-six ans, et à la France cent soixante-cinq ans.

L’agriculture a naturellement suivi le mouvement ascensionnel de la population. En 1860, l’étendue de la terre cultivée était évaluée à 700,000 hectares ; en 1875, elle était de 1,100,000 hectares. Dans cette augmentation, on signale surtout les céréales, dont la production s’est accrue de plus du tiers ; le cotons dont les plantations, qui couvraient à peine 2,000 hectares il y a quinze ans, s’étendent aujourd’hui sur 11,000 ; le tabac, qui, dans le même laps de temps, s’est élevé de 2,800 à 4,000 hectares et qui donne, au lieu d’un million, trois millions et demi d’oques. L’arboriculture a vu aussi augmenter sa production. Le rendement des oliviers et des figuiers, par exemple, a presque doublé. La culture de la vigne s’est surtout extrêmement développée. Les vignes ne couvraient, en 1860, que 64,000 hectares ; elles couvrent aujourd’hui 103,000 hectares, dont 74,000 pour les vignes et 29,000 pour les raisins de Corinthe. Les autres produits du sol et du sous-sol de la Grèce : la soie, les vallonées, le lin, le chanvre, le plomb, les lignites, l’émeri, les minerais de fer, le soufre, les marbres du Pentétique et de Tinos ont aussi augmenté. Les progrès de l’agriculture seraient plus marqués encore si d’une part elle n’était pas entravée parle détestable système de perception en nature, et si, d’autre part, l’instruction professionnelle était plus répandue. Il faudrait aussi des voies de communication en plus grand nombre ; mais à chaque jour suffit sa peine.

L’industrie, quoique bien loin encore des industries européennes, a cependant pris son essor depuis quelques années. Elle n’existait pas, cela va sans dire, au temps de la domination turque, et il y a vingt ans elle était encore à l’état rudimentaire. Depuis 1865 on a créé, sans parler des autres établissemens industriels, cent huit établissemens à vapeur, moulins à farine et à huile, filatures de coton, fileries de soie, ateliers de machines, tanneries et fonderies. Ces cent huit établissemens réunissent une force de 2,884 chevaux-vapeur, emploient plus de 7,000 ouvriers, représentent une valeur approximative de 29 millions, et fabriquent des produits pour près de 60 millions. L’industrie métallurgique qui, il y a dix ans, était complètement ignorée, occupe aujourd’hui plus de deux mille ouvriers.

Le commerce intérieur et extérieur a augmenté en raison du progrès de l’agriculture et de l’industrie. Depuis 1859, le commerce intérieur a plus que doublé. Les recettes de l’octroi en effet se sont élevées de 843,000 drachmes à 2,340,000 drachmes, — augmentation dans laquelle de légères surtaxes n’entrent que pour une faible part, d’autant plus que depuis cette époque, en 1863, certains