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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/857

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impôts ont été abaissés de 10 et de 9 pour 100 à 5 pour 100. Le commerce extérieur s’est accru presque dans les mêmes proportions. En 1865, l’importation était de 90,251,389 drachmes et l’exportation de 51,671,719 drachmes, soit 141,928,108 drachmes. En 1874, l’importation montait à 120,367,159drachmes, et l’exportation à 75,485,907drachmes, soit 195,853,066 drachmes. — Les principales importations sont les céréales, les étoffes, le chanvre, le fer, le bétail, les peaux brutes. Les principales exportations sont les peaux façonnées, le vin, le plomb, l’huile, le tabac, la soie, les figues, les vallonées et surtout les raisins secs qui, ne comptant en 1870 dans l’exportation que pour 17 millions de drachmes, comptaient en 1875 pour 37 millions de drachmes. — Il faut faire remarquer aussi que presque tout le cabotage de la Méditerranée orientale et de la Mer-Noire appartient à la marine marchande hellénique. On sait que la marine marchande grecque tient proportionnellement la tête de toutes les marines marchandes européennes, et le nombre de ses bâtimens va toujours croissant. En 1834, il était de 2,745 ; en 1853, de 4,234 ; en 1874, de 5,202 bâtimens, d’une contenance totale de 250,077 tonnes.

Les institutions financières, les compagnies d’assurances, la banque maritime, le crédit industriel, qui vient de racheter à la compagnie anglaise le chemin de fer d’Athènes au Pirée, dont les dividendes annuels sont de 45 pour 100, la banque des îles Ioniennes, enfin la banque nationale de Grèce, qui a émis ses premières actions à 1,000 drachmes et ses dernières à 3,000 drachmes, ont vu doubler et tripler le chiffre de leurs affaires et sont pour la plupart dans un état très prospère.

Si les esprits qui ne veulent se rendre compte ni des difficultés de toute sorte, ni des événemens imprévus, ni de la situation impossible auxquels le gouvernement grec, celui du roi Othon comme celui du roi George, a dû faire face depuis quarante années, peuvent accuser ce gouvernement d’avoir mal administré les finances de l’état, ils ne peuvent du moins accuser le peuple grec d’avoir mal usé de sa liberté. Les Grecs n’ont pas marchandé leur sang pour conquérir leur indépendance ; ils n’ont point non plus marchandé leur activité et leur initiative pour acquérir une prospérité qui s’annonce déjà. Il y a injustice à comparer la Grèce aux nations européennes, qui comptent des siècles d’existence. Il faut comparer la Grèce de 1878 à la Grèce de 1820, la Grèce libre à la Grèce esclave. Qu’on se représente par les récits des voyageurs du commencement du siècle, Pouqueville, Chateaubriand, Lebrun, Emerson, la Grèce turque : ce pays sauvage où il n’y avait pas une seule route, où les villes les plus importantes n’étaient que de misérables bourgades, où la population des plaines croupissait dans l’esclavage