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LE VERGLAS DU 23 JANVIER

Je venais de publier dans la Revue[1] une étude sur la rosée, lorsqu’un correspondant inconnu et dont la signature n’est pas lisible m’écrivit pour me demander l’explication d’un phénomène désastreux qui s’est produit dans la nuit du 23 janvier dernier. C’était, disait-il, un verglas extraordinaire, qui avait couvert les arbres d’un si lourd vêtement de glace que beaucoup s’étaient rompus sous le poids. La peinture qu’il traçait de ce sinistre était tellement navrante que je crus d’abord à de l’exagération ; mais ayant eu, quelques jours après, l’occasion de traverser la forêt qui s’étend entre Reims et Épernay, je reconnus qu’en effet les dégâts étaient considérables.

Il faut croire que ce phénomène se produit rarement avec un pareil degré d’intensité, car il n’en est point fait mention dans les traités, et s’il y est question du verglas, c’est en passant, pour en donner une explication rapide, comme s’il méritait à peine l’attention, comme s’il était une conséquence simple et claire de causes évidentes. Il n’en est rien. L’événement vient de prouver que le verglas peut atteindre à des proportions désastreuses, que les anciennes explications sont insuffisantes, et que l’étude de ce météore est à recommencer.

C’est quand elle est éveillée par un accident que l’attention, se porte sur des sujets qu’elle avait tout d’abord négligés. Avertis par la récente gravité des faits, plusieurs observateurs en ont envoyé la relation à l’Académie des sciences. M. Piebourg, capitaine du génie, a mesuré l’épaisseur et le poids de la couche de glace,

  1. Voyez la Revue du 15 Janvier/