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de précision. On en jugera par l’extrait suivant de la relation de M. Godefroy :

« Lorsque la pluie était peu abondante, chaque gouttelette se solidifiait instantanément, même sur des objets chauds ; elle affectait la forme de petites pastilles aplaties et irrégulières ; le phénomène était surtout remarquable sur les étoffes de laine. Lorsque, au contraire, la pluie était fondante, les choses se passaient autrement : une partie de l’eau se transformait immédiatement en glace, l’autre partie roulait sur les objets et le sol, dont elle suivait les pentes naturelles ; pendant ce trajet sur des corps froids, au sein d’une atmosphère glaciale, une nouvelle couche de glace se formait et produisait des stalactites. »

Je n’ajouterai plus qu’un mot. Si le verglas du 23 janvier est venu réveiller tout à coup notre attention par un sinistre inconnu jusqu’alors, il aura du moins servi, par compensation, à fixer la science sur un point qu’elle avait négligé jusque-là. J’ai la pensée que la surfusion de l’eau joue dans les phénomènes naturels un rôle qu’on ne lui a point encore attribué, et, en particulier, qu’elle intervient dans la formation de la grêle. Ce météore, dont on ne connaît point les conditions, qui verse en si peu de temps sur nos pays une telle quantité de glace, si rapidement formée un milieu de l’atmosphère, a défié jusqu’à présent toutes les explications. La surfusion de l’eau dans les grandes hauteurs, poussée jusqu’à des températures très basses, suffirait certainement pour donner naissance aux grêlons, et pour accumuler rapidement l’eau glacée en couches concentriques autour d’un noyau, comme elle était accumulée autour des branches dans le verglas du 23 janvier.


J. JAMIN.