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intérieures, ne peut venir pour lui que de deux questions qui vont être passionnément agitées.

Le ministère a réussi jusqu’à ce moment dans la guerre de l’Afghanistan. L’armée anglaise a vaincu tous les obstacles, elle n’a éprouvé aucun revers sérieux. Rien n’est fini cependant, et si les armes britanniques ont tout leur prestige, la question politique reste entière dans sa gravité, avec tout ce qu’elle peut provoquer de complications pour l’avenir. Voici, d’un autre côté, un incident aussi pénible qu’inopportun né d’une de ces expéditions lointaines que l’Angleterre, elle aussi, se permet quelquefois. Au sud de l’Afrique, dans la colonie du Cap, le gouverneur anglais, lord Chelmsford, est engagé dans une guerre contre un petit roi barbare, contre des peuplades sauvages, et une colonne anglaise vient d’être presque entièrement détruite. Les hostilités ne peuvent être sérieusement reprises, l’affront ne peut être vengé qu’après l’arrivée de nouveaux renforts. L’émotion a été extraordinaire à Londres, et l’Angleterre ne laissera sûrement pas en détresse les défenseurs qui portent son drapeau contre les Zoulous ; mais on ne manquera pas d’accuser encore une fois l’esprit d’aventure de lord Beaconsfield, et cette cruelle échauffourée du Cap est peut-être une arme dangereuse tombée tout à coup aux mains de l’opposition à la veille même d’une session où vont se débattre tant de questions qui intéressent la grandeur de l’Angleterre.


CH. DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES.


Le Théâtre en Angleterre depuis la conquête jusqu’aux prédécesseurs immédiats de Shakspeare, par M. Jules Jusserand. Paris, 1878, Hachette.


Les savantes études de M. Taine et les travaux plus récens de M. Mézières nous ont fait connaître jusqu’à nos jours l’histoire de la littérature anglaise depuis l’époque relativement éloignée où le génie national trouva son expression déjà complète avec les Greene, les Peele, les Hash et tant d’autres qui précédèrent de quelques années seulement Shakspeare ; et nous pouvons suivre avec certitude, comme la nôtre, cette brillante histoire dans tout son développement, avec ses clartés subites, ses périodes tantôt lumineuses, tantôt assombries, toujours dominées par l’immortel éclat du poète d’Othello. Cependant, à mesure qu’elle est satisfaite, notre curiosité demande davantage, et aujourd’hui la recherche des origines est devenue si nécessaire et si goûtée que nous n’acceptons pas volontiers ces obscurités qui nous cachent les premiers siècles et couvrent comme d’un voile toute une époque dans le passé. Dans la nuit du moyen âge, à travers les enthousiasmes et sous l’effort de la renaissance, pendant l’effondrement qu’amena la réforme,