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monétaire l’objet de longues et minutieuses études, pense que l’Allemagne, en accumulant dans les caves du trésor et en retirant momentanément de la circulation des quantités considérables d’or, a certainement exercé une influence sur les prix, et que l’émission d’une nouvelle monnaie allemande, la couronne d’or, n’a pas fait cesser tout de suite l’effet de ces mesures. On sait que la baisse des prix est le symptôme ou la conséquence des crises, et que la hausse en annonce la guérison : la rareté des moyens d’échange produit le même effet, et lorsqu’à des momens difficiles l’or vient à manquer, le mal ne peut que s’aggraver ou se prolonger. Des deux milliards de francs en couronnes d’or que l’Allemagne a frappées, une très petite partie existait déjà dans la circulation, et quelques centaines de millions sont rentrés dans le courant international, mais plus d’un milliard et demi de francs de monnaies nouvelles sont restées dans l’empire allemand. À cette somme de 1,500 millions on doit ajouter peut-être 800 millions qui ont été thésaurises par les États-Unis en vue de la reprise des paiemens en espèces, et une certaine somme qui a été absorbée par la Hollande, pour se rendre compte des vides causés sur le marché monétaire. Ce n’est pas tout. Les besoins de ces trois pays sont récens, ils datent à peine de huit ans, et ces nouveaux consommateurs vivent sur le fonds commun ; mais ce fonds commun, le produit des placers ou des mines, est loin d’avoir de l’élasticité. La production va plutôt en diminuant. Dans les cinq périodes quinquennales qui commencent en 1852, le rendement annuel moyen a été évalué, par d’excellentes autorités, à 29,933,000 livres sterling dans la première période, à 24,633,000 dans la deuxième, à 22,760,000 dans la troisième, à 21,753,000 dans la quatrième, et 19,200,000 dans la cinquième. Ainsi, la production diminue, bien que de nouvelles nations soient venues en demander leur part, sans compter que les besoins des nations déjà en possession de l’étalon d’or grossissent parce que la population augmente et que les affaires s’accroissent selon une progression encore plus rapide. Il serait difficile de contester l’action de la diminution du stock de l’or sur le commerce en général, et plus spécialement sur celui de l’Angleterre, mais ce qui paraît encore plus difficile, c’est de mesurer cette action, c’est de la formuler en chiffres.

Il convient de rappeler ici que l’Angleterre avait été le banquier un peu trop facile des états besoigneux, et que des quarante-six débiteurs indiqués sur un tableau préparé à la Bourse de Londres, dix-huit seulement paient exactement les intérêts des 7,045 millions de francs qu’on leur a prêtés. Les vingt-huit autres ont emprunté 8 milliards 335 millions, dont plus de la moitié, 4,404 millions, sont complètement perdus, tandis qu’il n’est servi que très