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prêts. Le prévôt des marchands et les échevins trouvèrent ces raisons fort mauvaises, et les pourparlers se continuèrent sans qu’on aboutît.

Henri IV, qui faisait en Picardie la guerre aux Espagnols et aux ligueurs, se trouvait alors à Compiègne. Fatigué des lenteurs de l’assemblée, il résolut de la transférer dans cette ville, où il lui serait plus facile de peser sur ses délibérations. Il manda donc aux députés qu’ils eussent à se transporter à Compiègne, où il leur avait fait préparer des logemens ; de cette manière, disait le roi, ils n’auraient plus besoin d’envoyer sans cesse des délégués près de sa personne. Le 6 décembre 1595, une ordonnance datée de Folembray, où le roi avait alors son camp, prescrivit aux députés de venir tenir leurs séances à Compiègne. Ceux-ci reçurent avec beaucoup de déplaisir l’ordonnance ; ils n’avaient nulle envie de quitter Paris. Aussi ne se hâtèrent-ils pas d’y obtempérer, et ils écrivirent au monarque pour lui remontrer les inconvéniens de la mesure ; ils adressèrent de pareilles observations au chancelier, Hurault de Cheverny, et aux trois commissaires du roi, Bellièvre, Villeroy et Ruzé. L’assemblée ne se borna pas à des lettres, elle expédia encore auprès d’Henri IV l’un des agens généraux, l’abbé Prévost, afin d’obtenir le retrait de l’ordonnance de translation à Compiègne. L’abbé insista fort ; il vit par trois fois le roi et employa toutes les supplications pour le faire revenir sur sa décision. Henri IV résistait ; il se plaignait de ce que les députés n’en finissaient pas à Paris. « De même, disait-il, qu’en la création des papes l’on enferme les cardinaux au conclave avec beaucoup d’incommodité pour avoir plus tôt fait, ainsi il est bon que l’assemblée sente quelque incommodité à Compiègne pour mettre plus tôt fin aux affaires. » La réponse du roi n’ébranla pas les députés, qui persistèrent à surseoir à leur départ, et, sans se décourager de l’insuccès de leurs premiers efforts, ils dépêchèrent une nouvelle députation au roi. L’ambassade mit tant d’insistance que Henri IV, ennuyé, céda, et des lettres patentes, datées de son camp de Folembray, du 13 janvier 1596, autorisèrent l’assemblée à demeurer à Paris.

Tandis que ces démarches se poursuivaient, le prévôt des marchands et les échevins, voyant que leurs réclamations n’aboutissaient pas et que la nouvelle échéance des rentes, qui tombait à la Chandeleur, s’approchait, prirent un grand parti. Ils sollicitèrent du parlement un arrêt pour obliger le clergé à payer aux rentiers ce qui leur était dû. Ils pouvaient compter sur l’appui de cette haute cour, généralement peu favorable au clergé ; elle donna en effet satisfaction à la demande. MM. de l’Hôtel de Ville, en vue de