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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 32.djvu/518

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comptes du receveur général du clergé ; tout cela en vue de mettre fin aux réclamations du bureau de la ville de Paris. L’œuvre était difficile. Sitôt réunie dans la capitale[1], l’assemblée voulut, avant de statuer sur les décimes à consentir, se faire une idée précise de ce que les bénéficiers avaient payé depuis la dernière réunion. Elle attendit que le receveur général, qui était alors le sieur Philippe de Castille, fût nanti de toutes les pièces nécessaires à la reddition de son compte ; mais dans le désordre de la guerre les formalités imposées pour l’établissement des pièces de comptabilité étaient fort loin d’avoir été observées, et Philippe de Castille ne parvenait pas adresser l’état complet qu’on lui demandait ; il lui fallait du temps pour mettre le compte sur ses pieds. Les journées s’écoulèrent donc sans qu’on pût procéder à l’audition des comptes du receveur général, et l’assemblée régla, en attendant, diverses questions concernant la discipline et l’administration du temporel de l’église. Les rentiers s’impatientaient. Le prévôt des marchands et les échevins pressaient les députés ; ils se rendirent à plusieurs reprises à l’assemblée afin d’y insister pour que le clergé s’acquittât au plus tôt d’une obligation qu’il avait, suivant eux, contractée, les particuliers n’ayant consenti à bailler leurs deniers que parce qu’ils comptaient sur la garantie de l’ordre ecclésiastique. L’assemblée, tout en assurant les magistrats municipaux qu’elle ne cessait de s’occuper de cette affaire, refusa de se tenir pour engagée à l’avance envers la ville de Paris ; elle fit remarquer que le clergé avait déjà satisfait à la convention passée avec le roi, les décimes accordés ayant été payés par les bénéficiers, sauf les décharges qu’avaient justement obtenues les ecclésiastiques dépouillés. Si ces décimes n’étaient pas tous entrés dans le trésor royal pour y être appliqués au service des rentes, c’est qu’ils avaient été employés à l’entretien des armées par les gouverneurs et commandans des provinces, qui en avaient requis l’acquittement. L’assemblée objectait en outre, à l’égard des arrérages restés dus, que, le roi ayant dispensé ses sujets du paiement de l’arriéré des tailles jusqu’à l’année 1594, le premier ordre de l’état ne devait pas être traité moins favorablement que les deux autres. D’ailleurs certaines villes n’avaient déposé les armes et ne s’étaient rendues au roi que par des capitulations où était stipulée l’exemption des impôts et des décimes arriérés ; ces capitulations devaient être respectées. Quoi qu’il en fût, ajoutait encore l’assemblée, elle ne pouvait rien statuer avant d’avoir examiné les comptes du receveur général, qui n’étaient pas

  1. Citons, parmi les députés qui y siégèrent, le cardinal de Gondi, évêque de Paris, de Villars, archevêque de Vienne, de Pontac, évêque de Bazas, de L’Aubespine, évêque d’Orléans, et le célèbre Pierre Charron, l’auteur du Traité de la sagesse, envoyé par la province de Bourges.