Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 32.djvu/522

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

officielle le Mémoire de MM. de la ville, et se contenta d’en ordonner le dépôt dans ses archives. Elle persistait d’autant plus dans ses refus que la commission nommée par elle pour examiner les comptes de Castille s’était convaincue que, loin de pouvoir fournir une somme de 100,000 écus, comme le parlement voulait l’exiger du receveur général, celui-ci pouvait tout au plus verser 27 ou 28,000 livres. L’entêtement de l’assemblée ne fit que donner plus d’activité aux pourparlers qui se poursuivaient toujours entre elle, le chancelier et les commissaires royaux, auxquels les députés représentaient perpétuellement la pauvreté du clergé et l’impossibilité où il se trouvait de satisfaire aux désirs de la couronne et d’assurer le paiement des rentes de l’Hôtel de Ville. Henri IV n’entendait pas à ces raisons et continuait de presser les députés d’accorder les sommes nécessaires, leur répétant que le non-paiement des rentes porterait préjudice à des personnages puissans qu’il importait de ne pas mécontenter, et réduirait à la misère une foule de petites gens. La compagnie faisait la sourde oreille à ces objurgations ; elle maintint qu’elle ne pouvait prendre de décision avant d’avoir réglé diverses questions touchant au spirituel et reçu réponse du roi aux remontrances sur les abus et les faits de simonie qui affligeaient l’église et étaient dus à l’ingérence de l’autorité royale. Tout ce que Henri IV put obtenir, ce fut que les députés s’occuperaient immédiatement de l’affaire des rentes de l’Hôtel de Ville. Mais peu de jours après la conférence, l’assemblée répondait encore à Sillery et Bellièvre, qui, au sortir d’une entrevue avec MM. de la ville, étaient venus la presser d’en finir, qu’elle ne se départirait pas de ses résolutions. Le clergé, affirmait-elle, avait, par les années passées, payé beaucoup plus qu’il ne devait, et le contrat invoqué par l’Hôtel de Ville n’avait plus dès lors d’effet. C’était au roi à satisfaire aux réclamations des rentiers. Bellièvre allégua l’impossibilité absolue où se trouvait la couronne de le faire, qu’il s’agissait pour le présent du salut du royaume menacé d’être envahi par l’ennemi ; au lieu d’arguer de nullité le contrat, il était, disait-il, beaucoup plus du devoir de l’assemblée de porter remède à une situation périlleuse. Il ajoutait que l’assemblée devait aviser d’autant plus promptement que le parlement poursuivait l’exécution de l’arrêt qui la condamnait à renouveler le contrat et lui interdisait de se séparer avant de l’avoir fait. L’arrêt avait effectivement été signifié par huissier à l’assemblée, mais celle-ci s’était refusée à recevoir l’exploit, déclinant la compétence du parlement en pareille matière, puisque l’affaire avait été remise à la décision du conseil du roi et que des pourparlers étaient entamés à ce sujet. L’obstination des députés n’était pas faite pour amener à une transaction la municipalité parisienne, irritée de voir toutes ses