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l’autonomie de l’église ; elle se montra en retour plus conciliante, et rédigea sans délai les lettres royaux qui devaient être accordées pour les envoyer à la signature du roi. Le chancelier mettait pour condition à cette concession que le clergé fournît 1 million d’écus afin d’acquitter l’arriéré des rentes à partir de l’année 1593 ; quant à ce qui restait dû des décimes pour l’intervalle compris entre 1588 et 1593, le gouvernement y renonçait. Après bien des discussions, l’assemblée accepta de renouveler le contrat, se réservant d’en rédiger elle-même les termes, pour être sûre qu’aucune atteinte n’y serait portée à ses droits. Un projet de rédaction fut en conséquence soumis au chancelier. Les députés ne faisaient toutefois pas grand fond sur les promesses de la couronne, et ils dirent qu’ils ne signeraient le contrat qu’autant que le roi s’engagerait préalablement à délivrer les lettres défendant au parlement de connaître des décimes. Ils n’avaient pas tort de prendre leurs sûretés, car la municipalité parisienne se refusait à la transaction consentie par le roi. MM. de l’Hôtel de Ville déclaraient ne pas vouloir donner leur signature tant que le clergé n’aurait pas pris l’engagement de payer ce qu’ils en réclamaient pour l’arriéré. L’appui du parlement les encourageait dans cette prétention. Mais le gouvernement était trop heureux d’avoir arraché une concession à l’assemblée pour soutenir de telles exigences du côté de l’Hôtel de Ville. Aussi le chancelier manda-t-il le prévôt des marchands et les échevins afin de leur faire entendre raison. La volonté du roi, leur dit-il, est de prononcer lui-même souverainement sur cette affaire. Pendant ce temps-là, on expédia de Paris à Henri IV un courrier qui lui apportait les lettres d’interdiction et le contrat tout rédigés dans la teneur proposée par le clergé, de façon qu’il n’avait plus qu’à y apposer sa signature. Les communications étaient alors, comme on sait, difficiles, non-seulement à cause du mauvais état des routes et de l’insuffisance des relais, mais par suite de la guerre : il ne fallait pas moins de quatre jours pour que ce courrier fût de retour. Les choses ne pouvaient donc être arrangées avant ce délai. L’assemblée avait au reste bonne volonté d’en finir et elle se chargea elle-même des frais du voyage. Par malheur le courrier fut fait prisonnier par les Espagnols. Les pièces ne revinrent pas signées du roi, et, comme le parlement persistait dans l’exécution de son arrêt, comme l’agitation continuait parmi les rentiers, on dut recourir à de nouveaux pourparlers avec l’Hôtel de Ville. Le temps s’écoulait, et le 4 mai 1596 on n’était point encore sorti d’embarras. D’autres dépêches expédiées à Henri IV lui parvinrent à la fin. Le clergé obtint la signature des lettres royaux et les arrêts du conseil qu’il sollicitait. Le parlement se voyait interdit de connaître des contrats en litige et de poursuivre le receveur général. Les bénéficiers exemptés de la clause de solidarité ne se trouvaient plus